Les "aires de mobilité"

Avec cette notion, on se recentre sur la mobilité professionnelle qui constitue le cadre général de notre propre recherche et l’objectif final de la démarche d’analyse cognitive :

‘« Au-delà des mots, des étiquettes consacrées par les pratiques sociales et professionnelles, il s’agit de savoir comment on se déplace dans l’espace des métiers, comment cet espace se forme et se transforme, comment la dynamique d’évolution des individus et des postes décompose et recompose les activités professionnelles exercées. » (PENAN op. cit. p. 2)’

Dans le ROME, la mobilité est définie dans le cadre des "aires de mobilité" qui structurent les parcours de mobilité issus d’un emploi/métier. On peut remarquer que ce que nous avons défini au chapitre premier sous le terme de "distance socioprofessionnelle" séparant deux positions professionnelles et les formes de mobilité envisageables dans "l’espace des possibles" présentent des analogies avec la notion développée par le ROME sous le vocable "aire de mobilité". Cependant, cette dernière est fortement orientée par l’analyse cognitive et, en particulier, par la prise en compte des "éléments logiques sous-jacents à la compétence", c'est-à-dire les compétences transférables d’un domaine professionnel à un autre. Cela permet de distinguer deux types de mobilité :

À partir d’un emploi/métier, on peut pointer toute une série d’emplois–cibles en définissant des mobilités de plus en plus "longues", c'est-à-dire risquées ou difficiles à réussir. Les aires de mobilité distinguent trois niveaux de mobilité à partir d’un emploi/métier :

La distinction entre mobilités intra–domaine et mobilité inter domaines n’est pas sans rappeler l’opposition entre les formes de mobilités interne et externe que nous avons définie dans notre typologie au chapitre premier. De même, les trois "niveaux de mobilité" du ROME présentent des analogies avec la "distance socioprofessionnelle" de notre typologie. Cependant, cette dernière renvoie plutôt aux différences entre positions professionnelles de départ et d’arrivée (en termes de statut, de niveau hiérarchique, de salaire, de prestige…), alors que les "niveaux de mobilité" du ROME correspondent, quant à eux, à une distance à parcourir entre un emploi source et un emploi cible (en termes de difficultés à surmonter, de cap à franchir, d’évolution ou de formation). Cela ajoute un élément de classification permettant de mieux distinguer les parcours de mobilité. Les deux critères de mobilité du ROME permettent d’établir une représentation graphique en forme de cible concentrique centrée sur un emploi/métier source, et dans laquelle se trouve représentée la "distance" à parcourir pour atteindre d’autres emplois/métiers :

Figure 12 : Représentation graphique des aires de mobilité du ROME
Figure 12 : Représentation graphique des aires de mobilité du ROME

Source : PENAN, op. cit., annexes, figure 5

C’est à partir de ce type de représentation graphique que nous allons examiner les résultats concernant les enseignants du premier degré dans la section qui suit.