I. Les trois domaines de la mobilité de métier

Si l’on reprend l’ensemble des possibilités ouvertes aux enseignants du premier degré dans les filières internes, on aboutit à la présentation schématique suivante :

Figure 17 : Schéma général des filières internes de l'institutorat
Figure 17 : Schéma général des filières internes de l'institutorat

Le graphique précédent reprend l’ensemble des possibilités d’évolution professionnelle ouvertes aux enseignants du premier degré, y compris certaines positions constituant intrinsèquement de simples modalités de carrière mais qui apparaissent régulièrement dans les parcours de mobilité, en amont d’une reconversion (comme les postes à l’étranger par exemple). En revanche, le statut de professeur d'école et la fonction de directeur d’école ne sont pas représentés dans ce schéma, car ils ont déjà été pris en compte précédemment.

Quand on analyse les filières internes en termes de critères d’accès, on peut distinguer trois séries de postes ou domaines d’évolution qui correspondent à trois types de conditions d’accès :

  • Premièrement, le groupe des postes hors mouvement (postes hors métropole, postes à profil et postes œuvres) qui ne sont accessibles que sous certaines conditions restrictives, mais ne comportent pas de dispositif statutaire explicite.
  • Deuxièmement, le groupe des postes relevant de la formation interne (maître formateur, directeur d’école de formation, conseiller pédagogique) dont l’accès est régi par des examens professionnels prenant la forme de “certificat d’aptitude” et/ou de “liste d’aptitude”.
  • Troisièmement, le groupe des postes relevant de l’A.I.S. (adaptation et intégration scolaire : maître spécialisé, psychologue scolaire, directeur d’établissement spécialisé) dont l’accès est régi par des examens professionnels (certificat d’aptitude et/ou liste d’aptitude) et des formations qualifiantes.

Ces trois types de critères d’accès, fortement structurants pour les filières internes, peuvent se schématiser ainsi :

Figure 18 : Critères réglementaires d’accès aux débouchés spécifiques
Figure 18 : Critères réglementaires d’accès aux débouchés spécifiques

Lecture : Les trois zones grisées concentriques figurent les trois types de conditions d’accès, et la longueur des flèches représente la distance (en termes de conditions d’accès) depuis la position standard vers les postes des filières internes.

On peut remarquer qu’il n’existe pas de correspondance logique entre la distance fonctionnelle (en termes de tâches et fonctions professionnelles) et la distance d’accès (en termes de conditions d’accès). Ainsi, par exemple, on peut opposer la situation d’un maître spécialisé caractérisée par la proximité fonctionnelle, et la distance d’accès avec celle d’un conseiller pédagogique qui correspond à la configuration inverse d’une distance fonctionnelle et d’une proximité d’accès. Le premier (surtout s’il exerce dans une classe au sein d’une école primaire) exerce dans des conditions proches de la position standard, mais a dû suivre une formation qualifiante d’un an et réussir un certificat d’aptitude, alors que le second exerce des tâches professionnelles complètement renouvelées mais sous la seule condition d’un certificat d’aptitude. Reprenons les distances fonctionnelles dans un schéma :

Figure 19 : Distance fonctionnelle des débouchés spécifiques
Figure 19 : Distance fonctionnelle des débouchés spécifiques

Lecture : Les trois zones grisées concentriques figurent trois niveaux de distance fonctionnelle, et la longueur des flèches représente la distance (en termes de rôles et fonctions professionnels) depuis la position standard vers les postes des filières internes.

On remarque dans ce second schéma que chaque domaine d’évolution professionnelle, qui était homogène selon les conditions d’accès dans le premier schéma, se trouve hiérarchisé quand on considère la distance fonctionnelle. Dans chaque domaine, un premier poste est en proximité fonctionnelle avec la position standard et relève plus de l’évolution de carrière que de la mobilité professionnelle à part entière (postes hors métropole, maître formateur, maître spécialisé). Une deuxième série de positions professionnelles comporte une distance plus importante et correspond à une mobilité professionnelle plus marquée (postes à profil, directeur d’école de formation, conseiller pédagogique, psychologue scolaire). Les positions professionnelles restantes correspondent à une redéfinition complète des missions et des tâches et donc à une évolution professionnelle importante (postes œuvres, directeur d’établissement spécialisé).

Il convient de prendre la mesure du volume des emplois correspondant aux débouchés spécifiques, ce que nous allons faire à partir du tableau suivant qui donne la répartition budgétaire des emplois d’enseignants du premier degré :

Tableau 29 : Répartition budgétaire des emplois d'enseignants du premier degré (1997-1998)
I) En poste devant les élèves (293 510) 100,0%   94,6%
I.1) Les classes (259 434) 88,4%    
primaires 237 358  
initiation 776  
application 4 769  
enseignement spécialisé 10 447  
établissements pénitentiaires 262  
établissements hospitaliers 1 133  
établissements médico-éducatifs 4 689  
I.2) Remplacements (24 725) 8,4%    
maladie maternité 19 189  
formation continue 4 290  
stages longs 1 246  
I.3) Décharges de service (9351) 3,2%    
directeurs école primaire 6 797  
directeurs établissements spécialisés 110  
maîtres formateurs 1 868  
décharges syndicales 576  
II) Autres situations (16 831) 100,0%   5,4%
II.1) Animation et soutien (14 560) 86,4%    
maîtres formateurs et conseillers 3 223  
soutien scolaire, ZEP 2 015  
réseau d'aide, commissions 9 322  
II.2) Divers (2 301) 13,6%    
réadaptation 984  
œuvres post et péri scolaires 374  
MGEN 170  
services exceptionnels 773  
total général 310 371 100,0%
Source : GOUTEYRON Adrien (président de la commission), 1999, « Mieux gérer, mieux éduquer, mieux réussir. Redonner sens à l'autorisation budgétaire », Les rapports du Sénat N°328 page 340

Comme nous l’avons déjà indiqué dans le chapitre deux au niveau départemental, les valeurs "officielles" de ce tableau –construit à partir des données ministérielles– indique le nombre d’emplois selon la ventilation administrative et ne tient compte que des postes budgétaires, ce qui exclut les détachements. Reprenons ces données selon notre typologie et en tenant compte du détachement :

Tableau 30 : Répartition fonctionnelle des emplois du premier degré
En poste devant les élèves 293 400     93,2%  
dont position standard 270 078     85,7%
dont classes primaires   237 358    
remplacements maladie maternité   19 189    
remplacements formation continue   4 290    
décharges directeurs école primaire   6 797    
décharges maîtres formateurs   1 868    
décharges syndicales   576    
dont postes spécialisés et classes formation 23 322     7,4%
dont classes enseignement spécialisé   10 447    
classes initiation   776    
remplacements stages longs   1 246    
décharge directeurs établis. spécialisés   110    
établissements pénitentiaires   262    
établissements hospitaliers   1 133    
établissements médico-éducatifs   4 689    
classes application   4 769    
Autres positions 21 563     6,8%  
dont maîtres formateurs et conseillers 3 223     1,0%
dont AIS hors classes 11 447     3,6%
dont soutien scolaire, ZEP   2 015    
réseau d'aide, commissions   9 322    
directeurs établissements spécialisés   110    
dont réadaptation 984     0,3%
dont œuvres 544     0,2%
dont œuvres post et péri scolaires   374    
MGEN   170    
dont services exceptionnels 773     0,2%
       
dont détachement 4 592     1,5%
Total général 314 963 310 963   100,0% 100,0%
Source : tableau précédent remanié selon notre typologie et effectif du détachement in GOUTEYRON op. cit. p. 144

Dans ce second tableau, nous avons regroupé tous les emplois s’exerçant dans une classe maternelle ou élémentaire, sans retenir la distinction administrative entre titulaire d’une classe et le statut de remplacement ou de décharge. Ensuite la désignation "en poste devant les élèves" nous semble trop générique et nous lui préférons "en poste devant des élèves", car cela inclut des positions fort éloignées d’une classe de l’école primaire (comme les postes en milieu carcéral ou en établissements médico-éducatifs). On voit dans le tableau que les postes devant des élèves représentent plus des neuf dixièmes des postes du premier degré dans ce décompte. Toutefois, si l’on adopte une définition moins extensive de la position standard, on peut retenir que les enseignants du premier degré sont affectés pour 86% aux classes primaires, pour 7% aux postes spécialisés ou aux classes de formation et pour 7% aux positions professionnelles hors élèves. Si l’on synthétise encore, on peut retenir que la position standard stricto sensu représente les 5/6 et la mobilité fonctionnelle 1/6 des affectations d’enseignants du premier degré.

Figure 20 : Répartition fonctionnelle des enseignants du premier degré
Figure 20 : Répartition fonctionnelle des enseignants du premier degré

Restons-en pour l’instant à ces grandes tendances de la répartition fonctionnelle des enseignants du premier degré pour passer à l’examen de chacun des trois domaines professionnels que nous venons de définir, et dans lesquels nous examinerons le détail des effectifs.