II.2. Débouchés et carrières au sein de la formation interne

Au-delà de la position de maître formateur dans une école de formation, les titulaires du CAFIPEMF peuvent poursuivre un parcours de mobilité selon trois voies d’évolution professionnelle :

Seule la dernière voie offre une possibilité institutionnelle d’évolution ultérieure, avec la position de conseiller pédagogique départemental (si l’on excepte la position provisoire de “faisant–fonction” d’IEN). Voyons tout d’abord la répartition numérique de ces différents types de postes, en reprenant les résultats de la commission sénatoriale que nous avons présentés dans la section précédente :

Tableau 31 : Répartition des emplois relevant de la formation interne
classes application 4 769 59,7% 1,5%
maîtres formateurs et conseillers 3 223 40,3% 1,0%
total formation interne 7 992 100,0%
décharges maîtres formateurs 1 868    
autres positions 300 511    
total général premier degré 310 371 100,0%
Source : tableau « répartition des emplois du premier degré » de la section précédente

On constate que les effectifs concernés par la formation interne sont très restreints si on les rapporte au nombre de postes budgétaires du premier degré. Toutefois, ces valeurs ne prennent pas en compte toutes les situations locales, comme on peut le constater lorsque l’on examine le nombre de postes budgétaires affectés aux décharges des maîtres formateurs. Les maîtres formateurs sont déchargés un tiers de leur temps de service, aussi le nombre de maîtres formateurs en poste devrait correspondre au triple du nombre des décharges. Or, le calcul donne 5 604, soit 835 décharges d’un tiers (ou 278 équivalent temps plein) de plus que le nombre de classes d’application. On peut penser que cet écart correspond pour partie aux directeurs d’école de formation remplacés seulement à mi-temps et pour partie à des "pertes d’information" entre le niveau local et le niveau national. En effet, les pointages que nous avons effectués au niveau départemental montrent que certains postes de décharges des maîtres formateurs sont "conservés" au niveau départemental (par exemple en "oubliant" de signaler des vacances de postes de maîtres formateurs). Ces postes "virtuellement" affectés aux décharges constituent une des marges de liberté que s’octroient les services départementaux pour assouplir localement le fonctionnement de l’école. Un rapport de l’Inspection générale consacré aux « postes hors classes » propose une autre explication de cet écart (avec les valeurs de l’année 2000) :

‘« Les maîtres des classes d'application bénéficient d'une décharge hebdomadaire de 9 heures, dont six pour la formation des maîtres et trois pour leur propre formation. Globalement, 1 835,75 emplois servent à assurer ces décharges, soit 6,25% de moins qu'en 1998. Cette diminution traduit une baisse du nombre des maîtres de classe d'application pouvant bénéficier de leur décharge ; elle pose question alors que les besoins en formation augmentent. Faut-il y voir un désintérêt pour la fonction en raison des indemnités jugées insuffisantes ? Quoi qu'il en soit, les maîtres titulaires du CAFIMF, nécessaire pour accéder aux fonctions d'IMF, se trouvent souvent sur des postes d'adjoint, de titulaire mobile ou de directeur d'école. Dans de nombreux départements, une proportion, parfois importante de classes d'application n'ont pas de maître titulaire du CAFIMF ; le recours aux maîtres d'accueil temporaire pour recevoir les professeurs des écoles stagiaires s'y développe. Ces décharges ont un poids non négligeable : elles représentent 18,4% du total des décharges et 23,9% des décharges de direction. Il faut noter que ce nombre est supérieur au tiers du nombre d'emplois de classes d'application. Il y a en effet 308,25 emplois supplémentaires ce qui signifie que dans certains départements, le régime des décharges est plus favorable que le régime réglementaire. » ( 153 )’

Au niveau départemental, nous avons effectué des décomptes et des moyennes sur les années les plus récentes pour aboutir au tableau de synthèse suivant :

Tableau 32 : Ordre de grandeur des effectifs de formateurs
  effectifs taux 1 taux 2
maîtres formateurs en poste 50 47,2% 1,7%
directeurs d’école de formation 10 9,4% 0,3%
formateurs associés à l’IUFM 2 1,9% 0,1%
conseillers pédagogiques 44 41,5% 1,5%
ensemble des formateurs 106 100,0% 3,5%
enseignants en position standard 3 000   100,0%
Source : pointages départementaux (ce tableau ne donne pas les effectifs de telle ou telle année mais indique des ordres de grandeur)
Lecture : environ 50 enseignants du premier degré occupent un poste de maître formateur ce qui représente 1,7% de l’ensemble des enseignants.

On remarque dans ce tableau donnant quelques ordres de grandeur que chaque type de position professionnelle relevant de la formation interne représente un potentiel limité d’évolution de carrière pour les enseignants du premier degré, et que l’ensemble du domaine concerne moins du vingtième de la population d’origine. Il conviendrait de comparer ces valeurs avec celles concernant des métiers comparables, on peut toutefois retenir que l’enseignement du premier degré est très éloigné du modèle des professions "établies" qui ont le monopole de leur formation professionnelle.

Le schéma suivant présente une vue d’ensemble des positions et des parcours professionnels dans le domaine de la formation interne :

Figure 22 : Les débouchés du cafipemf
Figure 22 : Les débouchés du cafipemf

Lecture : les conditions d’accès sont placées dans des rectangles, les positions professionnelles comportant des possibilités d’évolution sont placées dans des ellipses, les positions professionnelles "terminales" sont placées dans des cercles.
Note 1 : La branche qui est tracée en pointillés à droite du schéma représente les recrutements directs de conseiller par l’inspecteur de la circonscription que nous avons présentés à propos du déroulement du CAFIPEMF.
Note 2 : On remarque que les enseignants du secondaire peuvent entrer en concurrence en fin de cursus pour les postes de formateur associé à l’IUFM, de conseiller pédagogique départemental ou de “faisant–fonction” d’IEN. Nous reviendrons sur cette concurrence entre enseignants du premier et du second degré dans le prochain chapitre.

Après cette vue d’ensemble des possibilités ouvertes aux titulaires du CAFIPEMF, examinons chaque voie d’évolution professionnelle.

Notes
153.

 IGEN, 2001, « L'utilisation des postes hors classes à l'école primaire », MEN, rapport N°2001-044 présenté par Yves BOTTIN et Jacques NACABAL