La position de “formateur associé” a été instaurée dans les IUFM dès le début pour la formation des enseignants du secondaire, et dix ans plus tard pour le premier degré. Cela consiste à intervenir à mi-temps à l’IUFM comme formateur d’enseignants, et, pour l’autre mi-temps, à exercer les fonctions standard d’un enseignant dans une classe "ordinaire" (c'est-à-dire uniquement la pratique "ordinaire" du métier, sans accueil de stagiaires). Il s’agit d’étendre au premier degré le modèle du “formateur de terrain” du secondaire, dans une logique valorisant le témoignage direct de « celui qui sait de quoi il parle ». Cette conception de la formation –qui fait comme si le seul moyen de bien connaître quelque chose était de le vivre ici et maintenant– risque de se trouver confrontée au “syndrome du mille-pattes” cité par Patrice Pelpel :
‘Le mille-pattes allait insouciantLa position de formateur associé instaurée dans les IUFM ne correspond pas à la conception traditionnelle dans le premier degré de la formation de formateurs qui vise, sous différents avatars, "l’articulation de la théorie et la pratique". Elle pose également des problèmes organisationnels. Travailler à mi-temps à l’IUFM et à mi-temps dans son établissement, cela se traduit pour un enseignant du secondaire par une réduction de sa charge d’enseignement (en ayant moins de classes), dans le maintien des conditions de travail habituelles. En revanche, pour un enseignant du premier degré c’est beaucoup plus compliqué, puisque cela oblige à partager "sa" classe, cela nécessite un réaménagement de la polyvalence fonctionnelle et un partage de la responsabilité de "sa" classe. Contrairement au maître formateur –qui participe à la formation depuis et grâce à sa classe–, – le formateur associé se trouve tiraillé entre deux activités professionnelles hétérogènes qu’il doit assumer de manière cloisonnée. Est-ce une position terminale comme dans notre schéma de présentation ? S’il est encore trop tôt pour le dire, on constate pour l’instant un fort "turn-over" des enseignants du premier degré sur cette position.
poème anonyme cité par S. Papert en exergue du chapitre 4 de son ouvrage : Jaillissement de l'esprit, Flammarion, 1981