IV.2. Les postes à l’étranger

Les postes à l’étranger semblent, a priori, pouvoir être considérés comme de simples modalités de carrière. Ils figurent néanmoins dans le schéma et doivent être pris en compte, car ils apparaissent régulièrement dans les parcours de mobilité, en amont d’une reconversion, et offrent une opportunité de travailler autrement aux « instits qui ont la bougeotte » (dixit un répondant). De plus, si ces postes ne constituent pas une mobilité professionnelle à part entière, ils offrent toutefois une rupture avec l’exercice professionnel habituel, et constituent souvent l’élément déclencheur qui amorce un parcours de mobilité par la mobilité géographique radicale et le changement de contexte professionnel qu’ils représentent. En effet, les postes à l’étranger concernent rarement la position standard, mais correspondent plutôt à des évolutions statutaires (à travers des positions administratives de “faisant–fonction” ou de détaché) et à des redéfinitions fonctionnelles (à travers des fonctions d’attaché culturel, d’enseignant du français langue étrangère, voire de chef d’établissement). L’existence de parcours de mobilité professionnelle amorcés par les postes à l’étranger est confirmée dans une étude portant sur les chefs d’établissements du secondaire :

‘« La décision de changer de fonction est préparée, sans que les intéressés en soient tout d'abord conscients, par des expériences qui introduisent une rupture dans la carrière enseignante : un départ à l'étranger permet de participer à la formation des instituteurs et des professeurs, offre la possibilité d'occuper hors de France un poste de direction. À leur retour, les enseignants, hommes ou femmes, se sentent déclassés du point de vue du poste et des classes attribués. » ( 195 )’

Les effectifs correspondent à plus de trois mille postes de détachés à l’étranger, ce qui représente six détachements sur dix depuis le premier degré, quatre postes hors mouvement sur dix et un poste sur cent pour l’ensemble des personnels du premier degré. Cela constitue globalement un effectif comparable à celui des conseillers pédagogiques ou à celui des psychologues scolaires, mais peu de postes vacants sont disponibles : à la rentrée scolaire 2002, 37 instituteurs ou professeurs d'école ont été recrutés sur 607 demandes, soit un taux de 6% des demandes et 1% des postes existants ( 196 ). En ce qui concerne les modes d’accès aux postes de détachés à l’étranger , la gestion des dossiers de demande est faite par l’AEFE (agence pour l’enseignement français à l’étranger) qui dépend du ministère des Affaires étrangères. Les recrutements s’effectuent selon des règles spécifiques, en suivant des procédures complexes et surtout en dehors de l'Éducation nationale, sans respecter les règles habituelles de nomination :

‘« Étant donné le très grand nombre de candidatures pour les personnels enseignants, le barème constitue un outil indicatif indispensable de la procédure de recrutement de l'Agence. Il ne saurait toutefois être contraignant. L'avis des commissions paritaires est consultatif, et l'Agence revendique une souplesse qui autorise des ajustements qualitatifs. » ( 197 )’

Les postes à l’étranger sont donc attribués en dehors du contrôle exercé habituellement par la profession à travers les représentants du personnel en commission paritaire. Ces règles d’attribution, combinées avec la rareté des postes disponibles, provoquent parmi certains enseignants du premier degré une suspicion d’arbitraire et de cooptation. On peut noter enfin un début de "professionnalisation" et l’émergence d’une filière spécifique pour les postes à l’étranger, avec le cursus universitaire FLE (français langue étrangère) qui constitue de plus en plus un passage obligé pour les enseignants du premier degré qui désirent s’expatrier.

Notes
195.

 CACOUAULT-BITAUD Marlaine, 1998, « Les personnels de direction du second degré dans trois académies : déterminants d'accès aux fonctions et représentations du rôle » in BOURDONCLE Raymond & DEMAILLY Lise (éds), 1998, Les professions de l'éducation et de la formation, presses universitaires du septentrion, page 346

196.

 On peut noter que les détachements à l’étranger sont encore plus restrictifs pour les autres catégories de l'Éducation nationale, puisqu’ils ne concernent que 34 recrutements sur 1 134 demandes, soit un taux de 3% des demandes. Source : B.O.E.N. N°41 novembre 2002

197.

 Source : site de l’agence pour l’enseignement français à l’étranger (www.aefe.diplomatie.fr)