I. Une mue professionnelle et symbolique : Inspecteur "sorti du rang", entre proximité professionnelle et rapport hiérarchique

Tous les postes de travail que nous avons étudiés dans le chapitre précédent sont accessibles selon des modalités diverses, mais aucun d’entre eux n’est régi par un concours administratif de recrutement à part entière entraînant un changement de corps administratif ni, a fortiori, ne détient un pouvoir hiérarchique sur les enseignants du premier degré. Après avoir étudié la mobilité fonctionnelle, nous allons nous intéresser dans cette section à la mobilité hiérarchique qui, en plus de quitter la classe, consiste à quitter le statut (d’instituteur ou de professeur d'école) pour changer de position hiérarchique mais en restant au sein de l’école primaire.

Pour un enseignant du premier degré, devenir inspecteur de l’Éducation nationale constitue une mobilité professionnelle bien particulière. Cela relève clairement d’une promotion hiérarchique, puisque l’enseignement primaire ne comporte que deux positions dans la hiérarchie administrative. En effet, en l’absence de corps administratif spécifique pour les directeurs d’école comparable à ceux des chefs d’établissement du secondaire, il n’existe, in fine, dans le premier degré que deux corps de fonctionnaires statutairement définis et ouverts sur concours relevant du statut général de la fonction publique : les enseignants et les inspecteurs ( 211 ). La mobilité hiérarchique des enseignants du premier degré s’inscrit donc dans cette situation spécifique de l’école primaire que l’on peut opposer au fort cloisonnement et à la hiérarchisation des différentes catégories d’enseignants dans tous les autres types d’enseignement (par exemple les collèges et lycées d’enseignement général, mais aussi l’université ou l’enseignement technique).

Notes
211.

 Le nouveau corps des professeurs d’école venant seulement se substituer progressivement au corps des instituteurs qui est voué à l’extinction.