Évolutions temporelles

Un autre aspect fort intéressant à quantifier est sans conteste l’évolution temporelle de la mobilité catégorielle. Reprenons les données de l’enquête de Jean-Michel Chapoulie pour reconstruire les variations temporelles du taux de mobilité selon trois périodes fixées par l’auteur en fonction de l’évolution du recrutement des professeurs du secondaire :

Tableau 43 : Passage par l’ENI selon le genre, le grade, la génération
en % Femme Homme
agrégés    
recrutés avant 1955 4,9 8,3
recrutés entre 1955 et 1965 11,2 22,0
recrutés après 1965 9,8 15,3
ensemble 8,4 15,1
certifiés    
recrutés avant 1955 5,9 10,9
recrutés entre 1955 et 1965 8,1 11,3
recrutés après 1965 6,5 17,9
ensemble 7,1 11,8
Source : CHAPOULIE 1987, op. cit. pp. 118-119 (une colonne du tableau 24 Type de recrutement selon le grade, la génération et le sexe)
Lecture : Parmi les agrégées recrutées avant 1955, 4,9% sont passées par l'École normale.

Rappelons tout d’abord que les périodes utilisées dans le tableau correspondent aux trois phases délimitées par l’auteur dans les évolutions du recrutement des professeurs : “le maintien de la sélectivité des concours(1940-1955) ; “une crise aiguë du recrutement” (1955-1965) ; “la résorption de l’auxiliariat et la reconstitution d’un corps hiérarchisé de titulaires” (1965-1980). Parmi les agrégés et certifiés des deux sexes, on note un accroissement du taux de passage par l'École normale, avec un pic durant la deuxième période (d’ailleurs caractérisée comme “une crise aiguë du recrutement”). Cet accroissement du taux de recrutement dans les années soixante est une tendance générale puisqu’il se retrouve dans toutes les configurations croisant le sexe et la catégorie de professeurs. On doit noter qu’à la date de l’enquête, la dernière période ne concerne que cinq années de recrutement (de 1965 à 1970) et limite la validité des valeurs correspondantes. Nous reprendrons ces évolutions temporelles (et leurs enjeux) à la fin de cette section, voyons à présent quelle estimation chiffrée globale on peut établir de la mobilité professionnelle entre premier et second degré de l’enseignement.