Estimation globale des flux de mobilité

Les recrutements de professeurs titulaires parmi les instituteurs semblent donc devenir plus fréquents dans la période temporelle prise en compte dans le tableau précédent. De plus, les taux de passage par l’ENI augmentent parmi les professeurs titulaires durant une période qui a vu le nombre de ces derniers augmenter fortement. Entre 1960 et 1980, le nombre d’agrégés est passé de huit mille à dix-huit mille, et le nombre de certifiés de trente mille à quatre-vingt-sept mille (en valeurs arrondies). Durant cette période, le nombre de professeurs a donc augmenté de soixante-sept mille pour atteindre cent cinq mille ; et puisque près d’un sur six a été recruté dans le premier degré, on peut estimer que près de seize mille instituteurs sont devenus agrégé ou certifié entre 1960 et 1980.

Cette mobilité professionnelle des instituteurs vers l’enseignement secondaire est encore accentuée par la création d’un nouveau corps de professeurs qui n’est pas pris en compte dans la présentation que nous venons de faire. Cette nouvelle catégorie est celle des PEGC (professeurs d’enseignement général de collège) qui –au moment de sa création en 1969– compte trente-deux mille membres surtout issus d’anciennes catégories d’enseignants et en partie de l’auxiliariat. À la fin de la période considérée, en 1980, l’effectif des PEGC approche celui des certifiés (respectivement soixante-huit mille et quatre-vingt-sept mille), après un large recrutement parmi les instituteurs et les élèves maîtres des ENI. Il ne nous a malheureusement pas été possible de retrouver les taux exacts de recrutement des PEGC parmi les maîtres-auxiliaires du secondaire, les instituteurs en poste, les élèves-maîtres des ENI et les étudiants directement issus de l’université. Mais l’on peut penser que parmi les soixante-huit mille PEGC de 1980, une forte majorité est issue du premier degré, et l’on peut estimer l’ordre de grandeur à plus de cinquante mille instituteurs devenus PEGC.

Globalement, on peut donc situer l’ordre de grandeur des flux de mobilité professionnelle du premier degré vers le secondaire entre 60 000 et 70 000 personnes pour la période considérée. Cela converge avec l’estimation faite sur les fichiers du ministère qui donnait 15% d’enseignants du secondaire issus du primaire. Il est possible de se doter d’une vue d’ensemble des flux de mobilité dont nous venons d’examiner les différentes caractéristiques en reprenant les données essentielles dans un graphique :

Figure 28 : Taux de passage par l'École normale selon l’origine, la catégorie et le genre
Figure 28 : Taux de passage par l'École normale selon l’origine, la catégorie et le genre

Sur ce graphique, on retrouve l’ordre de grandeur de la mobilité (environ un professeur sur six), le passage par l’institutorat moins fréquent pour les femmes que pour les hommes, la forte corrélation statistique entre l’origine sociale et le passage par le premier degré, et le plus fort taux parmi les agrégés que parmi les certifiés.