I.1. Catégories socioprofessionnelles

La quasi-totalité des études de la mobilité sociale en France font usage de catégories socioprofessionnelles et des nomenclatures mises au point par l’INSEE. Ces nomenclatures sont basées sur la liste des professions, mais, par regroupements successifs, permettent de définir des « catégories socioprofessionnelles » (PCS) emboîtées sur trois niveaux de codification :

Le niveau 1 de la nomenclature correspond à huit positions, dont la PCS 4 qui inclut l'institutorat :

1 Agriculteurs exploitants,

2 Artisans, commerçants et chefs d'entreprise,

3 Cadres et professions intellectuelles supérieures,

4 Professions intermédiaires,

5 Employés,

6 Ouvriers,

7 Retraités,

8 Autres personnes sans activité professionnelle ( 242 ).

Le niveau 2 spécifie chaque catégorie du premier niveau, en utilisant un code à deux chiffres et correspond à 29 postes, parmi lesquels on peut citer ceux qui relèvent de la PCS 4 :

42 Professeurs des écoles, instituteurs et professions assimilées,

43 Professions intermédiaires de la santé et du travail social,

44 Clergé, religieux,

45 Professions intermédiaires administratives de la fonction publique,

46 Professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises,

47 Techniciens (sauf techniciens tertiaires),

48 Contremaîtres, agents de maîtrise (maîtrise administrative exclue).

Le niveau 3 utilise un code à trois chiffres et comprend 412 postes, dont on peut citer ceux qui relèvent de la catégorie 42 :

421a Instituteurs

421b Professeurs des écoles

422a Professeurs d'enseignement général des collèges

422b Professeurs de lycée professionnel

422c Maîtres auxiliaires et professeurs contractuels de l'enseignement secondaire

422d Conseillers principaux d'éducation

422e Surveillants et aides-éducateurs des établissements d'enseignement

423a Moniteurs d'école de conduite

423b Formateurs et animateurs de formation continue

424a Moniteurs et éducateurs sportifs, sportifs professionnels

425a Sous-bibliothécaires, cadres intermédiaires du patrimoine

Enfin, le niveau 4 correspond à la liste des 551 professions prises en compte pour la codification, et n’introduit aucune modification de la liste de niveau 3 pour les positions qui nous concernent directement.

Au niveau le plus détaillé, la nomenclature de 2003 distingue "instituteur" (code 421a) et "professeur d'école" (code 421b), mais ne modifie pas la position des enseignants du premier degré qui restent rangés dans la catégorie 42 (« Professeurs des écoles, instituteurs et professions assimilées »). La liste des postes de niveau 3 dont le code commence par 42 indique les « professions assimilées » qui sont agrégées aux enseignants du premier degré dans la PCS 42. On y retrouve d’une part des membres de l’Éducation nationale (PEGC, professeur du technique, professeur contractuel, CPE, surveillant), et d’autre part des positions professionnelles plus éloignées (moniteur d’école de conduite ou sportif, formateur, cadre intermédiaire du patrimoine, sportif professionnel). On peut remarquer que certaines positions de cette liste apparaissaient dans les aires de mobilité définies par le ROME de l’ANPE : moniteur d’école de conduite, moniteur et éducateur sportif, formateur et animateur de formation continue. Il convient de retenir que toutes les études publiées sont fondées sur les données disponibles pour le groupe 42 pris dans son ensemble, ce qui implique que les valeurs citées pour « les instituteurs » incluent en fait des données relatives à des positions sociales très hétérogènes (comme les sportifs professionnels par exemple).

D’autre part, l’harmonisation des niveaux de recrutement et de salaire des professeurs d'école avec ceux des enseignants du secondaire (hors agrégés) n’a pas été prise en compte par la mise à jour de 2003, puisque ces derniers continuent à être rangés en PCS 3 (Cadres et professions intellectuelles supérieures) dans la catégorie 34 (Professeurs, professions scientifiques) qui comprend les cadres de l’Éducation nationale et les enseignants-chercheurs du supérieur, avec, entre autres, les codifications suivantes :

  • 341a Professeurs agrégés et certifiés de l'enseignement secondaire,
  • 341b Chefs d'établissement de l'enseignement secondaire et inspecteurs,
  • 342b Professeurs et maîtres de conférences.

Notons pour finir sur ce point, que les conseillers principaux d'éducation sont rangés en PCS 42 avec les "instituteurs et assimilés" bien qu’ils fassent clairement partie des équipes de direction des collèges et lycées, alors que les conseillers d’orientation psychologues, quant à eux, sont rangés en PCS 34 avec les "professeurs et professions scientifiques" (343a Psychologues spécialistes de l'orientation scolaire et professionnelle).

Au niveau le plus agrégé de la nomenclature, on peut noter que les huit groupes définis sont relativement homogènes et ne sont pas rangés selon une hiérarchie à une seule dimension (échelle de revenus ou de formation ou de "prestige") mais tiennent compte de dichotomies non hiérarchisées (salarié/indépendant, public/privé...) et d’échelles orientées (niveau de revenus, position hiérarchique, niveau de qualification...). La mobilité professionnelle des instituteurs concernant principalement les PCS 3 et 4, examinons ces deux groupes.

On sait les débats importants qui ont accompagné l’émergence progressive depuis les années trente du groupe des "cadres" ( 243 ). Une lutte d’influence a été menée par de nombreux secteurs professionnels pour accéder à la reconnaissance sociale liée à une position à fort prestige. Les critères de délimitation ont fait l’objet de longues transactions, mais le groupe des cadres reste fortement hétérogène. Le groupe 3 des PCS regroupe les salariés des entreprises relevant du troisième collège des conventions collectives (cadres), les personnels du cadre A de la fonction publique (à l’exception des professeurs d'école) et les membres des professions libérales. À l’intérieur de ce groupe, la PCS 34 (professeurs et professions scientifiques) regroupe les enseignants du secondaire et du supérieur, les inspecteurs, les chercheurs et les cadres de la fonction publique.

On remarque que la PCS 34 exclut les PEGC et les CPE (rangés en PCS 42) et que, malgré cela, elle reste relativement hétérogène (avec les certifiés versus les professeurs des universités et les inspecteurs généraux). Le groupe 4, quant à lui, renvoie aux débats idéologiques et sociologiques de définition des "classes moyennes". La désignation de la précédente nomenclature (cadres moyens) mettait en avant la position entre le groupe 3 et les groupes 5 et 6 (employés et ouvriers). Les PCS depuis 1982, avec le terme de "professions intermédiaires", insistent sur le rôle social de nombreux métiers de ce groupe (qui consiste à rendre opérationnelles les décisions du groupe 3). Il est composé principalement de salariés et le taux de féminisation y est plus fort que dans le groupe 3. On peut d’ailleurs relever des couples de métiers plutôt masculins dans le groupe 3 et fortement féminisés dans le groupe 4 : médecin versus infirmière, professeur versus institutrice…

Notes
242.

 Cette nomenclature correspond à la mise à jour de 2003, la version précédente datait de 1982 et ne comportait que les six premières positions.

243.

 Boltanski Luc, 1982, Les cadres. La formation d'un groupe social, Minuit