Établir le bilan des évolutions

La quatrième classe lexicale représente 14% des énoncés, ce qui en fait la classe la moins importante en volume. Cette dernière façon de parler de son cheminement est beaucoup moins spécifiée que les trois autres par rapport à l’opposition engagement versus distanciation : en effet, le schéma précédent montre que la classe 4 comporte un étalement horizontal beaucoup plus important que les autres classes, ce qui correspond à un recours aux deux registres du récit distancié et du discours engagé. Nous l’avons intitulée la position actuelle, car elle présente la situation professionnelle au moment de l’enquête : « Ici c'est tout nous qui… C’est comme une entreprise privée, on est une PME c'est une façon complètement différente de voir les choses, et ça c'est un gros changement, la façon de fonctionner. ». Souvent, la situation professionnelle actuelle est comparée avec la position de départ, pour pointer les écarts qui ont nécessité des efforts d’adaptation : « Donc, j'avais ce rapport à l'argent, déjà un peu à la coordination, on touchait à des projets qui demandaient des petits budgets, ça a été un gros changement aussi. ». Le bilan effectué dans cette classe concerne également les fonctions et les missions professionnelles, souvent rapportées à celle de l'institutorat : « Après, d'une certaine façon, c'est un peu la même chose vue d'une façon différente, mais ce n'est plus avec des enfants, même si je m'en occupais indirectement. ».

L’examen de la projection du vocabulaire spécifique dans le schéma montre que l’on passe du terme "gamin" dans la classe focalisée sur le métier d’instit au terme "enfant" dans la classe 4. On remarque qu’une généralisation s’opère d’une classe à l’autre et l’on peut pointer deux registres spécifiques dans les termes utilisés :

  1. "gamin", "métier", "gens", "pédago", "instit", "dire", "penser", "impression", "peut-être"…
  2. "enfant", "mission", "fonction", "statut", "profession", "idée", "organiser", "gérer", "entreprise", "initiative"…

Ce bilan comparatif permet de relever les atouts personnels que le parcours de mobilité a permis de mobiliser : « Donc je me suis placé tout de suite dans ma carrière d'enseignant dans l'aspect de l'innovation et de l'expérience. Et cela a beaucoup de sens par rapport à la suite. Mais de la même façon c'est lié à mes origines : mon père, mes parents, étaient aussi dans l'expérimentation des choses. ». Ces énoncés sont typiques de la (re)construction du sens du cheminement personnel, dont on cherche à établir les invariants : « Donc j'acquiers comme ça un certain nombre de connaissances mais qui ne sont jamais validées, sur un plan universitaire ou professionnel. Et du coup, je cultive un peu ça par défaut, c'est-à-dire que… j’ai du mal à mener des projets à terme quoi. Alors, que ce soit des projets personnels ou finalement des projets professionnels ou universitaires… ».