Les figures de mobiles

Après la présentation linéaire des quatre “figures de mobiles” assortie de cas concrets, reprenons l’ensemble des éléments de compréhension disponibles dans une visée comparative, en proposant un système d’oppositions discriminantes liant les quatre figures, que l’on peut schématiser ainsi :

Cette représentation carrée permet de souligner une série d’oppositions selon les deux axes. Au plan de l’itinéraire objectif, on peut distinguer des parcours d’évolution (ex-pair ou stratège) et, symétriquement à l’axe vertical, des parcours en rupture, souvent accompagnés d’une prise de risques (sujet ou aventurier). De part et d’autre de l’axe horizontal, on peut distinguer des cheminements orientés par l’hétéronomie, dans lesquels l’intervention d’autrui est souvent présente (ex-pair ou sujet), et des cheminements orientés par l’autonomie, dans lesquels le bifurcateur prend souvent l’initiative (stratège ou aventurier). On aboutit ainsi à un tableau des types de parcours :

Au plan du cheminement subjectif et des postures biographiques, on relève une autre série d’oppositions distinctives. L’axe vertical permet de distinguer d’une part, des parcours biographiques fortement liés à l’intégration ou à la socialisation et dans lesquels le projet professionnel tient une grande place (ex-pair ou stratège) et, d’autre part, des parcours biographiques plus orientés vers l’individuation et le projet personnel (sujet ou aventurier). L’axe horizontal permet, lui, de distinguer des relations avec le groupe professionnel de départ caractérisées sur la ligne du haut par l’engagement soit positif (ex-pair) soit négatif (sujet) et, sur la ligne du bas, par la distanciation (stratège ou aventurier). Cela permet d’aboutir à un tableau des postures biographiques :

Pour conclure sur ce point, rappelons que ces “figures de mobiles” n’ont pour nous qu’une visée heuristique, et qu’elles constituent avant tout un tableau idéaltypique et non une typologie stricte qui permettrait de classer tous les cas concrets rencontrés, voire d’établir des statistiques. D’ailleurs, il nous semble que même notre typologie des formes de mobilité ne doit pas être mobilisée sans prendre en compte les dynamiques biographiques engagées par les parcours de mobilité. C’est ce que nous allons examiner dans la section qui suit.