5 - La Correspondance interscolaire

C’est en 1926 que commence la correspondance avec les élèves de R. Daniel, très symboliquement au symétrique de la France (Provence / Bretagne). Les deux instituteurs un peu ‘ « fous  ’» échangèrent les «livres de vie» de leurs élèves, et publièrent cette expérience novatrice dans l’école émancipée en 1927-1928.

La notion de réseau est essentielle dans la démarche de Freinet. En effet, elle souligne la valorisation de la communication horizontale, et la fonction des interactions dans la production de connaissances.

Réseaux inter-élèves, inter-enseignants, internationaux, s’appuient sur les outils les plus performant possible au plan technique. Pour Freinet on apprend, en même temps qu’on se socialise, sur le mode du réseau.

L’écrit comme le montre l’étude attentive de l’articulation des différentes techniques est la modalité transversale fondatrice de l’ensemble de la pédagogie Freinet.

L’éducateur prend l’enfant tel qu’il est et il s’applique par des techniques de travail qui s’apparentent à celles du milieu familial et social, mais avec une plus grande richesse expérimentale, à lui permettre d’aller plus loin et plus haut dans les chemins de la vérité et de l’humanité.

Ainsi, la petite presse Freinet, après avoir suscité et fixé l’expression libre de l’enfant, après lui avoir permis aussi de communiquer avec son environnement immédiat, son environnement local (l’école, la famille, le quartier), va maintenant, à travers la correspondance interscolaire, l’ouvrir au global.

Quand ils écrivent les élèves pensent à leurs correspondants : lorsqu’ils décrivent leur village ou leur région, avec des cartes à l’appui, ils ne s’acquittent pas d’une vulgaire tâche scolaire : ils répondent aux demandes ou aux désirs de leurs camarades.

Fondée sur l’échange régulier des journaux scolaires imprimés ; Freinet recommande aussi de compléter cet échange par l’envoi de lettres, photos, timbres, disques, colis ; la correspondance interscolaire cesse alors d’être personnelle pour devenir fonction des demandes des correspondants.

Le texte libre parle en effet du réel, de ce que vivent les enfants, et qui embarquent le maître, pour peu qu’il soit simplement honnête avec lui-même, dans une dynamique socialement honnête avec lui-même, dans une dynamique socialement à haut risque mais qui structure le groupe, puisqu’il s’agira ensuite de choisir ceux des textes qui seront imprimés et envoyés à d’autres élèves dans le cadre de la correspondance interscolaire.

L’arrivée d’internet aujourd’hui dans la classe Freinet, d’abord par le courrier électronique, permet aux enfants d’échanger très rapidement des messages avec des correspondants du monde entier et d’y attacher au besoin, des dessins, des photos et même des fichiers sonores.

Voilà comment Freinet déborde le cadre étroit de la classe pour plonger l’enfant dans le milieu social. Voilà comment il surmonte la dualité : vie scolaire / vie sociale en mettant l’enfant à l’écoute du monde, à l’écoute de la vie.