I. Du non droit à la justification thérapeutique de la despécification pénale

Le principe de l’irresponsabilité pénale du malade mental a longtemps été un souhait des psychiatres eux-mêmes. Mais depuis 1945, de nombreuses voix du monde psychiatrique se sont prononcées pour la vertu thérapeutique de la restitution au malade mental accusé de sa responsabilité. Cette exigence d’un droit commun, largement commandée par une approche issue de la psychanalyse, s’est radicalisée dans les années 1960 : il s’agissait de rendre sa parole au malade afin de le considérer plus généralement comme sujet d’une communauté, comme sujet de droit. Cet argument issu de l’épistémologie interne de la psychiatrie, se heurte à la constitution de la légitimité psychiatrique du point de vue de son épistémologie externe, telle qu’elle est constamment défendue depuis les origines de la psychiatrie française. En effet, le maintien d’une compétence expertale psychiatrique est toujours allé de paire dans l’esprit des psychiatres, avec une judiciarisation de la décision de soins contraints. Dès lors, une telle contradiction travaille l’identité psychiatrique chaque fois que le droit en la matière fait débat.