B- La critique de l’article 64, des exigences contradictoires

Il semble que la création d’un espace thérapeutique et scientifique et non plus punitif de la folie a fini par remettre en cause la distinction malade/responsable à l’origine de cette création. En effet, l’évolution interne de la psychiatrie a conduit les membres de la profession à exiger la réintégration du malade délinquant à un droit pénal commun. Une exigence paradoxale se forme alors : le refus d’une judiciarisation de la décision d’internement pour maintenir la légitimité de leur expertise, et le maintien de la dimension symbolique du jugement, estimée thérapeutique pour le patient.

Cette réintégration, opérée moins à la faveur d’une critique ancienne émanant du monde psychiatrique qu’en raison d’un mouvement de reconnaissance des victimes relativement récent, despécifie la responsabilité pénale du malade mental et affecte en retour la responsabilité du psychiatre en tant qu’expert. En effet, la responsabilisation des malades mentaux, conjuguée à l’extension de la compétence sociale des psychiatres, participe de la disqualification de la compétence médicale de ces derniers.