B-2- Un droit critiqué

Daniel Zagury282, psychiatre, attribue à la modification du Code Pénal à un mouvement social plus vaste prenant la forme d’une imposition aux psychiatres d’un nouveau contrat social, jugé incompatible avec la diminution des moyens et des effectifs des équipes psychiatriques, conjuguée à l’augmentation des demandes de prises en charges (sidéens, victimes, mourants, exclus, délinquants sexuels…). Georges Lantéri-laura, psychiatre et historien, approuve cette position et situe le danger de l’avenir de la discipline dans l’extension immodérée d’une pratique légitime de la psychiatrie, soit à des domaines traditionnels, avec des objectifs nouveaux, comme l’expertise pénale […] ; soit à des tâches nouvelles comme les conseils conjugaux ou les décisions relatives aux adoptions"283.

La prise en compte par l’expert de paramètres dépassant le seul diagnostic (capacités de réadaptation, aptitude à suivre le traitement, possibilité concrète de prise en charge, appréciation des traitements en détention…), pose la question de la compétence sociale du psychiatre, notamment à travers les rapports entre le judiciaire et le psychiatrique, au temps du procès comme au temps de l’emprisonnement.

Notes
282.

Daniel Zagury, "Clinique, éthique et mutations sociales", Rapport aux 16èmes journées de L’information psychiatrique, L’information psychiatrique, n°1, janvier 1998, pp. 47-56.

283.

Georges Lantéri-Laura, "L’avenir de la psychiatrie : entre la neurologie et la psychologie", L’information psychiatrique, n°10, décembre 2000, p. 1132.