A-2- La justification scientifique de la séparation entre neurologie et psychiatrie

Dans "Le problème de la santé mentale en France", mémorandum rédigé par le conseil du Syndicat des Médecins des Hôpitaux Psychiatriques en 1950, un programme est rédigé, qui définit la "spécialité psychiatrique" par la négative d’abord, par l’affirmative ensuite : le psychiatre n’est pas le neurologue qui est identifié, lui, comme "un médecin qui traite les affections du système nerveux entraînant des troubles sensori-moteurs sans altérer le psychisme des malades"659 ; le psychiatre traite en revanche "toutes les altérations des fonctions de la vie de relation qui dépendent d’un trouble psychique, quelles que soient nos connaissances ou nos conceptions sur la pathogénie ou l’étiologie de ce trouble"660.

Progressivement, et au fur et à mesure que les sciences humaines deviennent des ressources pour les médecins des hôpitaux psychiatriques, la réticence psychiatrique à être associée à la neurologie dans les spécialités universitaires va trouver des fondements théoriques qui viennent s’ajouter aux motifs d’une lutte centrée sur des enjeux de territoire et de compétence. Cependant, l’opposition avec la neurologie ne sera jamais jugée inutile à la formation du psychiatre.

Cette séparation va se traduire syndicalement par la création d’une sorte de "méta-syndicat" n’ayant pas vocation à se substituer aux anciennes formations de défense professionnelle mais à regrouper les psychiatres qui souhaitent que la loi consacre l’autonomie de la psychiatrie comme spécialité distincte de la neurologie.

Notes
659.

L’information psychiatrique, février 1950, n°2, p. 58.

660.

Ibid, p. 58.