A - Une définition politique, le réseau contre le secteur

D’après Sandra Philippe, "l’acteur politique est la source de l’initiative du problème santé mentale"1283 dans la mesure où, d’une part, plusieurs rapports des groupes de travail ministériels mentionnent dans les années 1990 des travaux sociologiques comme ceux d’Alain Ehrenberg1284 et d’autre part, la notion de santé mentale, intégrée au droit, correspond à la sollicitation de certains acteurs dans la résolution d’un problème dit de santé publique. De notre point de vue, il semble que la notion de santé mentale soit moins l’indice d’une nouvelle politique que le terme de "réseau". De plus, il existe une définition officielle du terme de réseau, ce qui n’est pas le cas pour celui de "santé mentale". La définition de la santé que donne l’Organisation Mondiale de la Santé est si "béante" que nous nous refusons à interroger le monde psychiatrique à partir de cette notion1285.

Nous préférons donc partir de la définition juridico-politique donnée au terme de réseau afin d'en retracer l’histoire officielle. Deux matériaux nous ont permis de reconstruire une telle histoire : les rapports officiels établis en général par des psychiatres à la demande du Ministère de la Santé, les textes juridiques et réglementaires.

Notes
1283.

Sandra Philippe, Souffrance psychique et action publique. L’institutionnalisation de la norme ‘santé mentale’ dans le dispositif psychiatrique girondin, op. cit., p. 91.

1284.

Alain Ehrenberg, La fatigue d’être soi, op. cit.

1285.

La Déclaration de Jakarta sur "la promotion de la santé au XXIème siècle", de juillet 1997 énonce ainsi que : "Les conditions préalables à l’instauration de la santé sont la paix, un logement, l’éducation, la sécurité sociale, les relations sociales, l’alimentation, un revenu, la responsabilisation des femmes, un écosystème stable, une utilisation durable des ressources, la justice sociale, le respect des Droits de l’homme et l’équité. Par dessus tout, la pauvreté reste la plus grave menace pour la santé…", in "Santé mentale et Société", Problèmes politiques et sociaux, op. cit., p. 112.