B- Une définition praticienne du réseau

Il s’agit ici de saisir deux niveaux de discours spécifiques, un discours ordinaire et un discours de représentation de la profession. Nous avons vu que la définition officielle du réseau tend à l’opposer au secteur ; ici la définition ordinaire du réseau s’inscrira en faux contre une telle représentation, une fois écarté l’usage polémique du mot. La psychiatrie de secteur apparaît comme un segment professionnel spécifique, unifié par un certain nombre de valeurs, que nous avons listées auparavant (Chapitre III, Livre II). Mais une ligne de partage semble se dessiner aujourd'hui parmi les psychiatres dans la structuration des discours dans leur rapport au politique. En effet, tantôt on dénonce la fin du secteur au profit d'une organisation réticulaire préjudiciable pour le psychiatre et son patient, tantôt l'on se réjouit d'une complémentarité à construire de deux modes d’organisation ayant en commun un objectif de proximité et de continuité des soins1351. Lorsque le débat se situe à un niveau plus officiel, entre syndicats et pouvoir politique par exemple, deux positions sont notables : la première consiste essentiellement à défendre le secteur contre une idéologie et une politique associées au terme de réseau ; la seconde s’appuyait sur la définition officielle du réseau pour critiquer une conception jugée "cadastrale" du secteur.

Notes
1351.

Jean-Luc Roelandt, auteur de Manuel de psychiatrie citoyenne : l'avenir d'une désillusion (Editions IN PRESS, Collection "Des pensées et des actes en santé mentale", Paris, 2002) et co-rédacteur d'un rapport en 2001 déjà évoqué, prône notamment le décloisonnement de la psychiatrie et son articulation au champ de la médecine générale et au champ social.