La clarification de l’ensemble des conceptions et positions restituées visait à atténuer le brouillage des significations associées à ce terme de réseau. Ainsi, la définition du réseau élaborée par les responsables politiques ne correspond pas à celle, praticienne, car cette dernière ne l’oppose pas au réseau. Dans le discours psychiatrique ordinaire, on distingue le réseau et le secteur uniquement pour contrer une conception qui tendrait les penser en terne de rupture.
Nous formulons l’hypothèse que les représentations du monde psychiatrique sectorisé puisent leur origine dans une pratique concrète ou plus simplement que l’être conscient est le reflet de l’être social. Il nous faut donc dès à présent explorer le réseau "en actes" après l’avoir étudié "en mots". Une incertitude guide cette étape de notre développement. Nous pourrions la formuler en ces termes : une fois reconstituée une définition du réseau issues des pratiques elles-mêmes, devons-nous conclure à sa précarité intrinsèque ou doit-on retenir que ses déficits trouvent leur origine dans une dépendance à un secteur psychiatrique fragilisé ?
Nous verrons essentiellement que la fragilisation du secteur psychiatrique participe à la précarité du réseau, autrement dit que, la "bonne santé" des institutions parties au contrat de réseau, formel ou informel, est une condition de son efficacité. La fragilité du secteur met donc en valeur les caractéristiques propres au réseau : fondé principalement sur des initiatives individuelles, dépourvu de "garanties d’exécution", confronté aux contraintes objectives et symboliques des membres de l’organisation réticulaire, ce mode d’organisation peine à s’institutionnaliser.