A- La forme, développement du fond

Les critiques adressées par les praticiens de la psychiatrie publique au dispositif d’évaluation des soins en psychiatrie expérimenté depuis quelques années en France, concernent tant l’instrument que les intentions du législateur, comme deux faces d’un même projet politique. L’objectif affiché par le politique est de mettre une évaluation au service de restrictions budgétaires tout en affirmant une volonté d’améliorer "la qualité des soins". Une double question se pose alors : qu’évalue l’outil mis en place au regard des critères mis en place? Qui définit ces critères ?

Pratiquant cette interrogation, les psychiatres de service public concluent à l’émergence d’un raisonnement bureaucratique qui aurait omis de soumettre aux acteurs de terrain les critères d’efficacité de l’instrument d’évaluation lui-même. Ils vont alors pointer le déficit démocratique de son élaboration et de sa mise en pratique. Nous aurons à cœur de montrer qu’en effet, l’évaluation de la qualité des soins mise en place est essentiellement de nature économique. Il n’est donc pas étonnant qu’elle organise alors un déficit démocratique. Il s’agit bien pour nous de présenter une politique qui, sous des aspects démocratiques, réduit la valorisation d’une culture, à la fois médicale et psychiatrique à l’expression d’une résistance corporatiste banale.