Section 1 :
Première hypothèse : « vivre ensemble ; une crise de coexistence » ?

Après avoir vu les différentes thèses sur l’existence et sur l’état des espaces publics beyrouthins, et selon nos recherches et observations, ces derniers peuvent-être classés en deux grandes catégories :

  • D’une part, les anciens espaces publics qui ont vécu la guerre libanaise ( 1975-1990 ) : ces espaces publics gardent toujours une image confessionnelle accompagnée d’usagers de majorité confessionnelle. Ces espaces publics ont acquis pendant la guerre, une image communautaire qui continue à les imprégner.
  • D’autre part, les nouveaux espaces publics aménagés depuis le début des années 90 et qui favorisent un public d’une certaine classe sociale plutôt aisée. Ces espaces publics qui favorisent la co-présence des communautés sont imprégnés par des usages de consommation.

Ainsi, il est difficile de trancher entre les différentes lectures présentées dans la problématique autour de l’existence de l’espace public beyrouthin et de ses caractéristiques : surtout que chaque thèse porte en elle une partie de la vérité.

D’ailleurs, dire que l’espace public n’a jamais existé en Orient, et au Liban en particulier semble plutôt simpliste que réaliste : M. Davie affirme dans ses recherches qu’il a bien existé tant dans sa forme que dans sa fonction.

Ainsi, il nous semble que l’espace public a existé sous différentes dimensions, selon les enjeux de chaque époque : Tantôt un espace fonctionnel et populaire non planifié( dans la ville Ottomane ) ; tantôt un espace urbain planifié et dessiné ( Tanzimat Ottomanes et Mandat français ) ; tantôt un espace social et politique ( années de l’indépendance et classe moyenne laïque ) ; tantôt un espace touristique ( avec la reconstruction)…

Pour cela, identifier une date clé, voire un tournant décisif dans l’histoire des espaces publics, et de leurs existences ne semble pas être une tâche facile : ainsi, et en se basant sur ces différentes lectures, nous nous permettons d’établir une première hypothèse contribuant ainsi au débat ouvert depuis une dizaine d’année.

Parler d’un seul espace public beyrouthin ne semble pas être tâche simple ; pourtant on pourrait parler de plusieurs types d’espaces publics, reflétant ainsi plusieurs types de pratiques, de normes ou de références, locaux ou internationaux : Ceci pourrait converger d’une manière ou d’une autre avec la thèse de S.Saadeh, selon laquelle, l’existence d’un vrai espace public beyrouthin est liée directement avec la construction d’une sphère publique au sens politique. Donc parler de « l’Etre ensemble » semble toujours masqué par les communautés qui semblent résumer les règles de vie et la sphère publique.

Il serait alors intéressant de vérifier les types de relations entre les beyrouthins d’une part et avec leurs espaces publics d’autre part, tout en les croisant avec un facteur clé, la sphère politique, toujours masquée semble-t-il par les clivages communautaires et économiques.