Section 3 :
Troisième hypothèse : Agir ensemble ; une crise d’un projet commun ?

La troisième hypothèse interroge la manière de faire la ville et ses espaces publics :

Bien que l’Etat libanais ait eu recours à une société privée pour réaménager le centre-ville – et ceci dans des circonstances exceptionnelles après l’arrêt de la guerre civile – il nous semble nécessaire de lancer le débat aujourd’hui : un vrai débat public sur l’aménagement en cours, faisant participer la majorité des acteurs locaux, en particulier la municipalité, les habitants et les institutions locales.

Selon nos enquêtes et observations de terrain, une culture de dialogue et de démocratie participative émerge dans les universités et chez certaines catégories sociales : une culture largement demandée par les habitants, usagers, professionnels et ayants droits du centre-ville et de la ville de Beyrouth, toujours écartés de toute vraie participation.

Le vrai débat public sur la manière d’aménager le centre-ville et ses espaces publics n’est pas toujours lancé : aucune réunion publique ne se fait pour exposer et concerter sur les projets en cours ; aucun atelier de travail associant les habitants avec d’autres acteurs locaux n’a eu lieu...

Cette crise de démocratie participative est accompagnée par une crise de démocratie représentative, laissant toujours l’action publique et l’urbanisme le seul domaine des politiciens et des techniciens.

« L’Etre ensemble », le « sens de l’ensemble » et « le faire ensemble », résument à notre avis trois hypothèses pertinentes qu’il faut vérifier et comprendre dans cette ville en projet avant de parler de toute reconstruction ou de toute réconciliation. Ainsi les espaces publics à Beyrouth semblent avoir besoin d’abord de la reconnaissance du « public » qui définira son référentiel.