Section 1 :
Vers une approche multidisciplinaire, à la fois théorique et empirique 

Depuis son émergence, l’espace public n’était pas un objet de recherche62 mais une préoccupation relevant de la grande diversité des procédures et des savoir-faire, ainsi que de la multiplicité des partenaires publics et privés impliqués selon des contextes, voire des études pour une orientation opérationnelle. Toujours selon l’étude de Louisy, l’espace public dans ses multiples acceptions est d’abord une catégorie des politiques d’aménagement et ne peut prétendre au statut de ce concept ou d’objet scientifique.

Face à cette notion empirique, la recherche est néanmoins en mesure de se poser un certain nombre de questions au titre des pratiques sociales, des représentations et cultures urbaines, de formes de sociabilité et de communication sociale, des enjeux politiques ou juridiques, des stratégies politiques et gestionnaires, des pratiques professionnelles et des savoir-faire. Ainsi des monographies de stratégies urbanistiques et d’opérations particulières illustrant ce renouvellement d’enjeux seraient l’occasion d’étudier à la fois les volontés affirmées par les pouvoirs publics, les groupes et professions impliquées, les logiques de conception, et le réaménagement des usages par les populations concernées.

D’autre part, et dans leur article sur les espaces publics63, Jacques Rey et Franck Scherrer expliquent la « réussite » de l’expérience lyonnaise en matière de conception et de réalisation de nouveaux espaces publics par son originalité d’articuler 3 dimensions qui valorisent d’après eux politiquement l’action sur l’espace public :

1- construction d’une identité symbolique, 2- équivalence entre centre-ville et périphérie, 3- maîtrise des déplacements urbains ( partage de la voirie).

Il me semble, d’après l’expérience lyonnaise, que les pratiques opérationnelles et les systèmes d’acteurs forment encore une autre dimension de l’espace public, aussi importante pour leur étude que les dimensions théoriques déjà évoquées ;

Compte tenu des dimensions transversales et évolutrices de l’espace public, le niveau privilégié proposé serait celui de l’articulation entre la démarche scientifique d’une part, et les pratiques opérationnelles et sociales d’autre part : un méthode croisant à la fois l’empirique et le théorique.

Notes
62.

LOUISY M.A., BILLIARD I., « Plan urbain, espaces publics », Ed. Documentation française, 1988.

63.

REY J., SCHERRER F., « Des espaces libres à l’espace sensible : l’espace public au croisement des politiques et les conceptions de l’urbanisme », in Revue de Géographie de Lyon, vol 72, 2/97.