Section 2 :
Le public « usager » : acteur de la vie quotidienne et des pratiques sociales 

‘« Que veut cet « homme ordinaire, l’usager ? Quelles relations peut-il entretenir avec la technostructure décidant du bien public ?…

« C’est l’usager qui contient en lui tout le mystère de la vie quotidienne, ce qui fait de lui un acteur social, le plus important, et même à dire vrai le seul important »81

Depuis quelques années, on sent l’émergence de ce concept dans un cadre évolutif, pour désigner plusieurs compétences chez le « public », allant du simple usage « mécanique » de la chose ou de la ville, à l’usage « sensuel » de celles-ci. Qu’est-ce qui caractérise ce terme, et comment évolue-t-il ? Peut-il prétendre aujourd’hui remplacer le mot « public », voire le substituer dans les projets urbains, voire dans les nouveaux modes de vie ?

En effet, deux courants expliquent la façon d’utiliser la ville :

Selon l’urbanisme fonctionnaliste, le « public » est réduit à des besoins mécaniques, d’usage pur, ceux d’habiter, de travailler, de circuler et de se recréer », un « public-consommateur » qui approprie la ville pour des besoins de consommation sans avoir aucune relation spécifique avec elle voire une relation sentimentale ou symbolique par exemple. Une réduction très nette du « public » à des « besoins d’usages », bien définis, où il sera nommé dorénavant « l’usager » de la ville, et pour être plus clair, « l’usager-mécanique » de la ville.

Selon la vision du projet urbain, et depuis quelques années, « l’usager » a bien changé : il semble toucher au citoyen, voire au simple habitant, pour ne pas dire « le public », tout en tissant avec la ville des liens sociaux, symboliques, psychologiques…qui dépassent la simple relation de consommation ou d’usage « mécanique », voire vers une nouvelle relation avec la ville, où l’usager devient « humain » dans ses relations, où ce « robot » commence à sentir, à être heureux ou triste, tout en échangeant avec et dans la ville.

Notes
81.

RAYMOND H., « L’uomo qualunque », in Urbanisme, N°307, « L’usager », 1999, p.64,67.