1 - Le projet urbain et la participation des habitants : une nouvelle culture de l’urbanisme en France ?

Il suffit d’observer aujourd’hui la littérature urbaine française scientifique ou officielle, ou bien les principaux objectifs des mandats locaux pour saisir l’importance d’un mot-clé, celui de la participation ou de la concertation ; s’ajoutent à ça les nouvelles lois d’urbanisme ( la loi SRU par exemple ) qui augmentent le champ de la concertation jusqu’à toucher à tous les documents d’urbanisme.

On voit émerger, par exemple, de nouveaux conseils de quartiers s’affichant comme de vraies structures participatives pour permettre aux citoyens de s’exprimer devant leurs élus et devant leurs projets. En effet, l’évolution des pratiques de l’urbanisme en Occident en général, et en France en particulier tente depuis quelques années des changements profonds dans la conception même des projets urbains, qui devront Se réaliser tout au long de la concertation ; ainsi, et contrairement au projet d’architecture qui est figé et conçu par un seul spécialiste, le projet urbain regroupe dans la pratique toute une série de disciplines ( des sociologues, des politiciens, des urbanistes, des architectes…), en plus des autres acteurs de la ville (les associations, les commerçants, les syndicats…), avec les élus, l’Etat et les habitants. Ainsi, l’habitant jusqu’à là un simple spectateur est devenu un acteur principal qui doit agir sur la scène tout le long du projet.

Il suffit de voir la traduction du concept « projet urbain » dans la littérature anglo-saxonne pour saisir son importance comme une nouvelle démarche, stratégie et programmation : ainsi, il est désigné par « project planning », ou « project planning development » ou « urban strategy » et non pas par « urban project » afin d’éviter sa confusion avec l’ancienne pratique de l’urbanisme, celle des Modernistes.

Dans ce « project planning », l’habitant est concerné par la participation comme tout autre acteur ; cette dernière peut englober plusieurs types ou niveaux :

L’information, où les habitants seront seulement informés du déroulement du projet sans qu’ils participent à sa mise en place ou à sa définition.

La consultation, où l’habitant est appelé à donner son avis sans pour autant que ce dernier sera forcément pris en compté ; ce type de participation vise à connaître les attentes et les avis des gens avant la définition totale d’un projet sans aucun engagement de négociation.

La concertation : c’est le processus de négociation avec les habitants qui tente de définir les marges de manœuvres et les leviers que ces derniers pourront utiliser pour gérer les enjeux d’un projet ; ce qui signifie une certaine limite à la négociation dans la mesure où tout n’est pas négociable…

La coproduction : c’est l’association directe des habitants à l’élaboration d’un projet urbain. Une participation à la fois au travail technique et politique du projet, où on peut parler d’un vrai partenariat autour d’un projet collectif.

Ainsi, faire participer les gens c’est bien clarifier avant tout le niveau de participation voulu ; en effet, la plupart des projets urbains menés actuellement en France semblent parfois confondre et mixer entre ces différents types ou niveaux de participation ce qui engendre parfois des réactions de déception de la part des habitants qui se croient tout de suite associés aux démarches, une fois qu’on leur parle de participation…sans clarifier l’objectif de cette dernière.