3- L’espace public de la ville médiévale 

Avec la ville médiévale, l’espace public « autonome » n’existe plus, que dans la mesure où il sera associé à des lieux symboliques, politiques ou religieux, qui seront eux-mêmes des espaces publics.

‘« Les premiers espaces publics des villes du Moyen Age naissent progressivement des lieux de transition et sur les interstices frontaliers…C’est le parvis de la cathédrale où se jouent les mystères. Ce sont les portes des villes qui deviennent des lieux d’échanges, de rencontres. Mis elles mettent à distance les plus pauvres, les malades, les étrangers…Mes marchés sont sans doute les premiers espaces à se constituer en espaces publics… »95

L’espace public extérieur ici, c’est la grande place qui se relie toujours à ses monuments, comme espace fonctionnel rattaché à une certaine fonction.

Ainsi, on peut dire à la limite, que l’espace public sera ici, l’église médiévale elle-même, où les gens venaient prier, manger, danser…et même tout en amenant leurs animaux avec eux. C’est l’espace public fermé et rassuré, et dans cette lecture, la place sera fermée psychologiquement, dans la mesure où elle n’existe dans la représentation des gens que comme continuité de l’espace intérieur de l’église.

‘« L’église médiévale n’était pas seulement un lieu de culte, mais l’édifice privilégié de la vie communautaire….Les cathédrales et églises tenaient à la fois le rôle de forum et de l’amphithéâtre dans le monde antique…Les cathédrales qui se multiplient à partir du 11ème siècle, sont dimensionnées pour recevoir l’ensemble de la population de la cité. »96

Ce nouveau type d’espace public sera ainsi un espace fermé de consommation, un lieu de brassage social, un lieu de spectacle, un théâtre, et pourquoi pas une agora et un Forum plurifonctionnel.

‘« Les activités religieuses sont concentrées dans le chœur et dans les chapelles,…les corps des grands hommes de la ville et des religieux sont enterrés un peu partout dans l’église…Les fêtes, les passions et les mystères du calendrier religieux et profane se tiennent presque tous dans l’église…Un public nombreux envahit la cathédrale et y reste souvent plusieurs jours, ce qui signifie aussi, fumées de bougies, de braseros, exhalaisons, excréments, saleté, odeurs pestilentielles, au point que des ouvertures doivent être pratiquées à la base des murs pour permettre d’évacuer l’eau de lavage. »97

Je me demande ainsi, si l’espace public médiéval, représenté par l’église, n’incarnait pas en lui toute la ville, voire toutes les fonctions de la ville où cette dernière se confond avec lui, où l’espace privé à la limite se dit « public » pour le public.

Notes
95.

VOISIN B., op.cit., 2001,p.39.

96.

VOISIN B., op.cit., 2001,p.38.

97.

MARIANI R., « La cathédrale du Moyen-Age : genèse de la modernité urbaine, in « TOMAS F. (dir.), « Espaces publics, architecture et urbanité, de part et d’autre de l’Atlantique », Publications de l’université de Saint-Etienne, Saint-Etienne, 2001 », p.163..