Pour H. Arendt, le domaine public comme « lieu d’action » de « modes de subjection », désigne ainsi par une scène d’apparition publique ou « l’espace de la publicité » de « tout le monde » s’oppose au domaine « social », celui du travail, de la vie communautaire et familiale, et s’affaiblit devant lui durant le 19ème siècle.110
‘« Domaine de l’intervalle et de la philia entre les hommes, l’espace public est la scène primitive du politique en tant que celui-ci se distingue des formes fusionnelles et fraternelles du lien social et se structure autour d’une définition comme de l’intérêt général ou du bien public. »111 ’Quand à J.Habermas, il analyse la formation d’une sphère publique au sein de la sphère privée, au 18ème siècle, par des individus-élites, en utilisant « librement » la raison, pour échanger des idées, voire des opinions de philosophie, d’art et de culture. Elle s’opposera ainsi à la sphère de l’Etat et se politise avec la Révolution française pour devenir un espace d’expression démocratique entre citoyens, société et Etat, imprégné jusqu’alors de littérature et de critique d’art.112
‘« C’est dans ce contexte qui favorise à la fois l’originalité de la pensée individuelle et l’échange des idées, que se forme une subjectivité qui s’exprima alors entre autres, dans des genres littéraires particuliers, tels les journaux intimes, les échanges épistolaires, et la bibliographie »113 ’Cette sphère publique, désignée ainsi par « l’opinion publique », semble synthétiser une autre carte d’identité de l’espace public, voire « l’espace public de discussion » et « d’argumentation », et par la suite « l’espace public de la citoyenneté ».
En effet, J. Baudouin114 explique cet « espace public de la citoyenneté » définit par Habermas, en trois propriétés indissociables :
Ainsi, ces deux contributions, d’Arendt et d’Habermas, « l’espace de la publicité », et « l’opinion publique », et par suite « l’espace de la citoyenneté » ne peuvent être à mon avis écartées de l’espace public d’aujourd’hui, en lui offrant une première lecture philosophique et politique laissant ainsi aux autres contributions de construire d’autres cartes d’identités ;
Même si quelques chercheurs aujourd’hui critiques ces contributions de n’avoir pas évoqué d’autres dimensions ( avant que le concept lui même soit mature ) ou même
d’avoir parlé d’une question politique et immatérielle qui n’a rien à voir avec le concept lui même ( plutôt physique ) crée à la fin des années 70, par opposition à l’urbanisme fonctionnel.117
DEVILLARD V.et JANNIERE H. , « Espaces publics, communauté et voisinage, 1945-1955 », in PICON-LEFEBVRE V. ( sous la dir. ), « Les espaces publics modernes », situations et propositions, Le Moniteur, Paris, 1997.
JOSEPH I., « Pyasages urbains : Choses publiques », in Les carnets du paysage, N°1, « le paysage comme espace public », 1998, p.76.
KOROSEC-SERFATI P., « Le public et ses domaines : Contribution de l’histoire des mentalités à l’étude de la sociabilité », in Espaces et sociétés, N°62-63, « espace public et complexité sociale », Paris, 1991, p.48.
KOROSEC-SERFATI P., « Le public et ses domaines : Contribution de l’histoire des mentalités à l’étude de la sociabilité », in Espaces et sociétés, N°62-63, « espace public et complexité sociale », Paris, 1991, p.48.
BAUDOUIN J., « Citoyenneté et souveraineté : La contribution d’Habermas », in KOUBI G. (dir.), « De la citoyenneté », ed. litec, librairie de la Cour de Cassation, Toulouse, 1995.
BAUDOUIN J., op.cit., Toulouse, 1995,p.66
BAUDOUIN J., op.cit., Toulouse, 1995,p.66
TOMAS F., « L’espace public, un concept moribond ou en expansion ? » in Géocarrefour, vol 76, 2001.