3- L’espace public « urbain » , une autre lecture de l’espace public, celle de l’architecture, de l’urbanisme et du paysagisme 

‘« Composer l’espace public c’est créer, ménager des relations entre des espaces, compromettre des formes entre elles, c’est le contraire d’imposer des formes ou des objets étrangers aux lieux…Composer un espace public c’est répondre à un usage nouveau ou répondre mieux à un usage existant. »127

P.Pinon résume ainsi dans son ouvrage cette approche  « physique », « spatiale » pour lire, comprendre et composer l’espace public. Il propose ainsi trois modes essentiels de lecture ou d’analyse de l’espace urbain :

L’analyse morphologique tout d’abord permet de comprendre la forme urbaine par une décomposition de celle-ci et une analyse des caractéristiques formelles de ses divers composants.

L’analyse pittoresque, mode de perception de paysage urbain et en particulier des espaces publics, par sa décomposition en figures ou tableaux, permet aussi de tester le projet à chacune de ses phases par l’emploi des différentes figures et l’évaluation des effets ainsi obtenus.

La lecture historique enfin, ( déjà évoquée dans la première partie), complète les deux précédents modes de lecture. La connaissance des conceptions de l’espace urbain aux différentes époques de leur évolution au cours de l’histoire est fondamentale pour fournir des éléments de culture et des références dans la démarche de conception.

Il explique ainsi chaque approche toujours par une vison « architecturale » et « spatiale » qui définit une partie de l’espace public. Ce qui semble pertinent dans cette étude, c’est que l’auteur est conscient d’avoir apporté une partie de la vérité, une « carte d’identité » de l’espace public, chose que plusieurs chercheurs prétendent avoir dans leur lecture toute la vérité.

‘« Concevoir et aménager l’espace public, c’est répondre à des pratiques sociales diversifiées et contribuer à la lisibilité et à la cohérence de la ville ».128

Pour continuer toujours dans la lecture plutôt « spatiale », la revue « les carnets du paysage » nous fournit une étude paysagère sur l’espace public, où le « le paysage devient espace public »129 :

Or depuis quelques années, les paysagistes se sont confis à concevoir et même à contribuer à l’élaboration des politiques d’aménagement d’espaces publics urbains en créant ainsi des outils propres voire un projet de paysage :

‘« Rapport au site, dessin de l’espace vide, travail au sol, utilisation des végétaux, prise en compte de la notion de temps ».130

« Le paysage comme espace public » sera alors cette nouvelle lecture qui s’ajoute à d’autres lectures où l’espace public commence ainsi tour simplement à  « Etre ».

‘« La limite n’est pas ce où quelques chose cesse, mais bien, comme les Grecs l’avaient observé, ce à partir de quoi quelque chose commence à être ».131

Toujours selon cette étude « paysagère » de l’espace public, trois points132 issus des théories du paysage méritent d’être retenues par la recherche sur les espaces publics urbains :

Ces trois pistes semblent ainsi interroger d’autres lectures, à caractère psychologique et social, voire la « psychologie de l’environnement » qui a elle aussi sa lecture de l’espace public. Avant d’entamer cette nouvelle lecture, je termine cette partie par une citation sur le rôle du paysagiste en général pour comprendre sa lecture de l’espace public.

‘« Le rôle du paysagiste n’est pas de contredire l’urbanité volontaire en ponctuant la ville d’îlots de « fausse vraie nature ». Il doit avec des matériaux propres à l’urbain, recréer de toutes pièces un cadre qui, par référence donne à la ville des capacités émotives identiques à celles rencontrées dans la nature…La ville est un paysage en soi, nouvelle nature qui porte en elle des valeurs d’échange et de spectacle comparable à celle des sites naturels. Il faut au paysagiste des prérogatives pour l’espace vide comparables à celle de l’architecte pour les volumes construits. »133

Notes
127.

PINON P., « Lire et composer l’espace public », MELTE, les Editions du STU, Paris, 1991,p.7

128.

PINON P., « Lire et composer l’espace public », MELTE, les Editions du STU, Paris, 1991

129.

Les carnets du paysage, N°1, « Le paysage comme espace public », 1998.

130.

BLANCHON B., « Les paysagistes en France depuis 1945 : L’annonce d’une discipline ou la naissance d’une profession », in PICON-LEFEBVRE V. ( sous la dir. ), « Les espaces publics modernes », situations et propositions, Le Moniteur, Paris, 1997.

131.

HEIDEGGER M., « Bâtir, habiter, penser », in Essaies et conférences, Grallimard, Paris,1958,p.183.

132.

JOSEPH I., « Paysages urbains : Choses publiques », in « Les carnets du paysage, N°1, « le paysage comme espace public », 1998,p.86-87. »

133.

COURAJOUD M., « Espaces verts, N°25, 1970,p.32. »