4- Entre « perception » et « représentation » : quand la psychologie de l’environnement explique l’espace public 

‘« La psychologie de l’environnement appréhende l’individu à travers son insertion dans les lieux, en considérant qu’on ne peut l’isoler de son milieu. L’environnement agit sur l’être humain qui, à son tour, agit sur les facteurs spatiaux qui le déterminent. »134

La psychologie de l’environnement tente ainsi expliquer cette fois ci « la conscience à l’espace public », après que les sciences sociales ont expliqué l’espace public à travers « la conscience à l’autre. Elle interroge ainsi les rapports entretenus entre « public » et « espace public » qui dépassent le « fonctionnel » à l’émotionnel, l’imaginaire et le symbolique. Or interroger l’espace public, c’est interroger aussi l’image de cet espace représenté chez l’individu ou le public qui entre en relation avec lui : Ainsi, l’image mentale évoquée par K.Lynch semble synthétiser ce besoin de se repérer, ce goût de vivre, ces désirs d’appartenance à un milieu, en un mot, un grand travail de va-et-vient entre l’observateur et son milieu, entre le « public » et « l’espace public » :

‘« Chaque individu crée et porte en lui sa propre image mais il semble qu’il y ait une grande concordance entre les membres d’un même groupe : Des images collectives…Les images collectives sont les représentations mentales communes à des grandes quantités d’habitants d’une ville : Zones d’accord que l’on peut s’attendre à voir apparaître sous l’interaction d’une même réalité physique, d’une culture commune et d’une nature physiologique identique. »135

K.Lynch analyse cette image de l’environnement à travers trois composantes : L’identité, la structure et la signification. Il défens ainsi la thèse que nous sommes capables de développer l’image de notre environnement en agissant sur la forme physique et externe, aussi bien qu’en suivant un processus interne d’apprentissage.136

Il constate en fin dans les usages des villes étudiées, que le contenu que l’on peut rapporter aux formes physiques peut-être classé sans inconvénient suivant cinq types d’éléments : Les voies, les limites, les quartiers, les nœuds et les points de repères.137

Ainsi, et dans cette lecture psychologique, l’espace public pourra concrétiser un ou plusieurs de ces éléments dans les représentations de son public, ce qui définit en effet son comportement.

Pour continuer toujours dans cette lecture, L.Tortel138 propose trois niveaux de lecture de l’espace :

un premier niveau réel, décrit à partir des caractéristiques physiques d’un objet, un deuxième niveau, celui de l’imaginaire, qui, en prenant une image simplificatrice, ramène au rêve, et un troisième niveau symbolique, qui ramène au sens des mots, des représentations. Avec cette « carte d’identité », je termine avec cette citation qui éclaire l’ambiguïté entre « la perception » et « la représentation » :

‘« La perception s’appuie sur le réel, alors que la représentation est issue de l’imaginaire, de l’évocation…En résumé, une représentation, c’est la reconstruction subjective d’un objet en son absence, c’est l’évocation mentale qu’un mot, un objet, un lieu provoque. Une représentation repose sur une vision essentiellement subjective issue de notre éducation, notre culture, de nos propres valeurs, d’où l’importance de la confrontation avec la réalité et la désillusion possible. »139

Notes
134.

VINCENT B., « La psychologie de l’environnement », in TORTEL M., « Une autre lecture de l’espace public. Les apports de la psychologie de l’espace » : Interventions réalisées sur ce thème lors de l’atelier « perception de l’espace », compte rendu des journées, « perceptions de l’espace », rapport CERTU, ed. CETE, Lyon, 1999.

135.

LYNCH K, « L’image de la cité », Dunod, Paris, 1976 (1960 traduit par Vénard J.L. en 1976 ), p.8-9

136.

LYNCH K., op.cit., p.15.

137.

LYNCH K., op.cit., p.15.

138.

TORTEL M., op.cit., 1999.

139.

VINCENT B. et EICHER G.N., « La perception de l’espace : Mieux comprendre l’espace vécu », in TORTEL M., op.cit., 1999,p.111.