3- Les « médiateurs » 

‘« C’est une catégorie spécifique d’acteurs, dont la légitimité repose sur des capacités d’expertise spécifiques, sur un processus de socialisation leur permettant de se situer à l’intersection de plusieurs communautés de politique publique et par voie de conséquence, de plusieurs référentiels d’actions. »167

Ou plutôt ce sont les « professionnels » pour être plus proche au langage courant : on est ici entre deux parties : entre l’Etat, centre du pouvoir, acteur décideur et la société «  centre » de la complexité. Les médiateurs, chargés d’élaborer le référentiel combinent ainsi deux dimensions, intellectuelle et du pouvoir et se divisent d’après Muller en trois types : les professionnels, les managers et les élus.

‘« Chaque groupe social, crée en même temps que lui, organiquement, une ou plusieurs couches d’intellectuels, qui lui donnent son homogénéité et la conscience de sa propre fonction, non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans le domaine politique et social »168

Les médiateurs transforment la réalité en un programme d’action politique cohérent dépassant ainsi les enjeux intellectuel et techniques pour élaborer un projet socio-culturel de la société.

‘« C’est une démarche intellectuelle en acte, en rapport avec le concret des relations sociales : la limite est floue entre l’élite globale et les opérateurs sectoriels ; le rôle des médiateurs consiste à inventer les termes dans lesquels se pense et agit la société. »169

Ce modèle d’acteurs médiateurs, les professionnels, les managers et les élus, semble résumer d’après Muller et Jobert le référentiel d’une politique publique, à travers un travail technique, économique et politique, prétendant ainsi résoudre la question sociale.

Mais ou est la place de la société dans ce jeu de référentiel ? Si l’Etat est le pouvoir, le décideur, le responsable de l’intérêt général, et les médiateurs sont les responsables de cette codification, voire de cette construction de l’intérêt général, la société semble être ici des mots et des besoins représentés par les médiateurs pour l’Etat.

Peut-on toujours parler de ce système d’acteurs médiateurs dans les nouvelles politiques publiques ?Dans quelle mesure peut-on parler d’une société passive, réduite à des besoins, aux années de l’urbanisme fonctionnaliste, dans un monde où la complexité et la fragmentation définissent les règles du jeu ?

Quel référentiel faut-il choisir ? Comment faut-il le construire et qui sont ses acteurs médiateurs ? Et comment se définit le rôle de la population ici ?

Nous verrons dans ce qui suit, si la nouvelle culture urbaine, définie par le projet urbain, peut nous répondre à ces différentes questions, en essayant de tracer ses différentes caractéristiques.

Notes
167.

JOBERT B.  , MULLER P., 1987, op.cit.

168.

GRAMSCI A., les intellectuels et l’organisation de la culture in Gramsci dans le teste (textes choisis) Paris, ed. sociales, 1977, p.597

169.

JOBERT B.  , MULLER P., 1987, op.cit.