Section 4 :
« Le référentiel indéfini »ou le nouveau langage du projet urbain : vers une troisième synthèse 

Parler de politiques publiques des espaces publics nécessite une interrogation approfondie sur leurs référentiels et leurs dimensions d’une part ( référentiels définis et indéfinis), et sur leurs acteurs et médiateurs de l’autre part : en effet, trois tâches semblent pertinentes si on veut comprendre leurs différents enjeux :

Comprendre les politiques publiques des espaces publics, c’est interroger leurs capacités cognitives de décoder les réalités d’un lieu avec ses spécificités et ses propres contextes : c’est interroger le sens qu’ils tissent avec la mémoire, le patrimoine et l’histoire d’un lieu.

Comprendre les politiques publiques des espaces publics, c’est interroger les dimensions, valeurs et normes qu’ils proposent et leurs limites : c’est interroger leurs capacités comme projet politique, social, économique, urbain…et leur cohésion avec la première tâche, celle de la réalité du lieu.

Comprendre les politiques publiques des espaces publics, c’est interroger les instruments, méthodes et moyens qu’ils mobilisent pour leur mise en œuvre : c’est interroger le rôle des différents acteurs dans l’élaboration et dans la gestion des différents rapports de ces politiques publiques, en particulier celui de la société civile concernée.

‘« Le projet urbain constitue un élément référentiel constituant la stratégie urbaine communale, de la fondation de l’institution municipale et de sa monumentalisation ».185

Or, en interrogeant le projet de reconstruction de la ville de Beyrouth, en particulier de ses espaces publics, plusieurs questions se posent en première scène :

Tout d’abord, qu’est-ce qui définit « le » ou « les » référentiel(s) d’aménagement de la ville de Beyrouth et en particulier de ses espaces publics ? Quels sont les bases et les grands objectifs de ce ou ces référentiel(s) ? Quelles sont ses ( leurs) limites ?

Qui sont les « médiateurs » dans les projets de reconstruction de Beyrouth ? Y a-t-il un certain écart entre leurs compétences et rôles d’une part, et ceux déjà définis là-dessus ? Quel est le rôle de l’Etat dans l’élaboration des politiques publiques, en particulier celles de l’aménagement de l’espace ?

Dans quelle mesure peut-on parler de « gouvernance » dans le cas de Beyrouth, où Etat et communautés semblent résumer les règles du jeu ? Qui produit les politiques publiques à Beyrouth et comment ? Est-on toujours renfermé dans des politiques sectorielles ? Quel(s) rapport(s) y a-t-il(s) entre le global et le sectoriel dans les politiques d’aménagement de la ville de Beyrouth ? Peut-on parler de partenariat et de participation dans cette ville en projet ? Et enfin, dans quelle mesure peut-on parler de « référentiel indéfini » dans le sens expliqué là-dessus, dans la mesure où ce dernier s’alimente et se construit chaque jour, à chaque moment, et par tous les acteurs ?

Notes
185.

VERPRAET G., « Les trois paradigmes du projet urbain : Rationalisation, médiation, différenciation », in INAMA, SHS-TEST,HVOT A., SAUVAGE A., op.cit. 2000.