Section 1 :
« Public » et « Espace public » : le « respect retrouvé » ou l’être ensemble » 

‘« Lieu de la démocratie, creuset de la civilisation, comme le définit l’architecte Bernard Huet, l’espace public est, avant tout, l’endroit où les hommes sont tous égaux, même si c’est justement là qu’ils font l’apprentissage de la différence ». Il est aussi celui de la cohésion sociale, où se déroulent les fêtes collectives et les manifestations. Il est celui des conflits, où se dressent les barricades, celui où s’écrit l’histoire ».¹⁸⁷ ’

A la fois un espace matériel et immatériel, l’espace public est le lieu de l’expression et de la pensée humaine. Cette « expression de la pensée » présente à la fois deux types de relations possibles : Un premier celui d’être l’assise des faits sociaux, voire des différentes relations à l’intérieur du public, entre un « homme » et un autre, et un deuxième type de relation, entre un homme et son espace, entre le public et son espace public.

Dans le premier cas, l’espace public semble être le lieu par excellence qui favorise toute relation à l’intérieur du public.

1- En premier lieu, ce public se présente comme le « nouveau citadin » en tissant des liens avec « l’autre » qui vit avec lui dans la même ville et approprie avec lui le même espace public ; il est aussi le lieu du « nouveau citoyen » qui choisit très clairement de vivre avec l’autre, non plus seulement comme un autre « citadin » anonyme, mais comme citadin qui a ses spécificités culturelles et sociales, et qui partage avec lui un destin commun, une culture générale commune, voire une histoire commune.

Cette relation avec l’autre se fait non plus dans un espace privé, où on sélectionne l’autre selon nos désirs, mais au sein de l’espace public, remis en vie avec le projet urbain pour affirmer en gros, que vivre avec l’autre, c’est avant tout le comprendre et l’accepter comme il est, différent peut-être avec ses spécificités, mais très proche avec « notre vie en commun », avec « notre espace public », avec l’espace public.

L’espace public favorise encore l’expression du « public » envers l’Etat pour proclamer librement ses besoins et ses avis, ce qui enrichit cette relation avec l’autre représentée ici par l’Etat. L’espace public est l’espace de « la relation libre » qui se tisse chaque jour et affirme chaque jour, librement, ce choix libre de vivre avec l’autre et de partager avec lui le même espace, l’espace public.

2- Mais partager avec l’autre le même espace signifie déjà que cet espace signifie quelque chose pour le public : D’où le deuxième type de relation entre public et espace public:

En respectant l’histoire et le patrimoine – culturel, social, urbain – le projet urbain revalorise l’espace public pour qu’il devienne l’espace du public, voire l’espace de l’histoire, du patrimoine, de la culture…Chacun forgera avec l’espace public des idées et des représentations, qui deviennent des symboles et des souvenirs, pour passer du simple usage de l’espace public, voire du simple usager consommateur pour devenir un « nouvel usager humain » que j’ai déjà évoqué dans la construction du public. ¹⁸⁸

Or pour P.Sansot¹⁸⁹, les conditions d’accessibilité aux espaces publics reposent sur quatre enjeux : l’argent, l’âge, l’ethnie et le sexe. Ce qui signifie que les barrières qui peuvent s’établir entre public et espace public dépassent largement la question physique pour englober tout un enjeu de représentations. Pour cela, la relation entre le public et l’espace public nécessite à mon avis un travail à la fois matériel et immatériel qui commence par la reconnaissance de l’autre en premier lieu, avec toutes ses spécificités, symboles et représentations et de l’espace public comme espace commun avec des représentations en commun, que je désigne ici par l’image de la ville, voire l’identité de la ville.

En résumé, cette « nouvelle relation » se résume par deux mots : respect de l’autre et respect de l’espace.

‘« Nous devons défendre la liberté de l’espace public avec la même détermination que la liberté d’expression ».¹⁹⁰ ’