Section 2 :
« Espace public » et « politiques publiques », ou le « sens de l’ensemble » 

‘« Dès l’abord, une ville se perçoit, se reconnaît, s’identifie, par les sensations et l’esprit qui se dégagent de ses lieux publics…L’espace public est l’élément polarisateur autour duquel s’articule et s’organise le tissu urbain et les différents espaces bâtis. Si le but d’un projet urbain est de conduire et de maîtriser la transformation de la ville, il doit se traduire, entre autres, par des espaces publics en cohérence avec les intentions et l’identité affichées et constituant les véritables éléments structurants de la ville. »191

A la fois porteur de plusieurs enjeux, historiques, symboliques, politiques, urbains, architecturaux, sociaux, l’espace public ne peut être qu’au fond des « politiques publiques » de la ville, qui s’incarnent aujourd’hui à travers la plupart des projets urbains. Ce lieu magique, devient dès lors le fil à tisser la ville, ses espaces et sa société, à transformer son image et à renforcer son identité.

Une seule chose caractérise cette relation entre « politiques publiques » et « espace public », c’est qu’il a un « référentiel indéfini » qui se construit avec les spécificités de chacun, avec les différentes représentations qui englobent l’espace public.

‘« Tisser la ville, faire la ville…On aimerait réussir à charger de sens ses lieux communs tout en conservant une indispensable modestie : Mue par des mouvements de fond souvent difficiles à discerner, la ville existe, change se transforme sans cesse et elle n’est pas le fait des démiurges qui prétendent la plier à leurs désirs. »192

Tisser la ville sur la ville, c’est interroger chaque morceau de la ville, pour arriver à former une seule ville, riche par ses spécificités.

Parler de cette nouvelle relation entre « espace public » et « politiques publiques », c’est comprendre ainsi les différentes attentes, espoirs et logiques et tenter de construire un cadre pour les articuler sans les gommer :

‘« L’espace public dépend de quatre types d’acteurs : 1- Professionnels de l’espace, 2- les Habitants-Usagers-Citoyens, 3- les acteurs économiques, 4- les acteurs politiques : Partant de la pertinence de ces quatre types d’acteurs, il est indispensable que les politiques publiques s’adressent à tous quatre…Or ils n’ont pas les mêmes intérêts, visions, stratégies,…Pour être pertinente, une politique publique doit tenir en compte de cette diversité, sinon, c’est l’échec. »193

En un mot, parler d’espace public et de politique publique, c’est parler de construire un « sens de l’ensemble », un sens partagé, un destin partagé, une identité commune !

‘« Tous ces espaces publics n’ont de sens que si on les considère avec leurs acteurs : Les usagers bien sûr, mais aussi les acteurs économiques, les acteurs politiques, les professionnels de l’espace ( architectes, urbanistes, ingénieurs…). Il est donc essentiel de considérer les pratiques de ces multiples acteurs, ainsi que leurs représentations ( idées, images, désirs…) qui souvent génèrent les pratiques. »194

Notes
191.

CHARBONNEAU J.-P., « Arts de ville », DAU, éditions Horvath, Lyon, 1994.

192.

« Tisser la ville sur la ville », projet urbain, N°2, 01/01/1995.

193.

BASSAND M., COMPAGNON A., JOYE D., STEIN V., op.cit., 2001, p.188.

194.

BASSAND M., COMPAGNON A., JOYE D., STEIN V., op.cit., 2001, p.177.