Section 3 :
« Public » et « Politique publique », ou « le faire ensemble » 

‘« Les rencontres permettent de confronter chaque acteur à ses présupposés sur la participation, présupposés qui ne sont pas forcément formulés. La réalité de la confrontation avec des autres – le caractère incomparable des situations urbaines, les différences comme moyen d’avancer, de voir autrement avec d’autres yeux sa réalité quotidienne – et le « faire ensemble », sont plus efficaces qu’un débat théorique sur « l’être ensemble ».195

Faire la ville ensemble, c’est accepter à la fois de dialoguer avec l’autre différent, qui devient le partenaire, le vrai partenaire : l’autre qui est à la fois le professionnel, le responsable politique ou économique, l’élu local, l’autre c’est encore « le public » différent et spécifique : avec la participation, tout le monde est responsable de l’espace public, de sa conception, et de son élaboration. Ainsi, « logique d’en haut » et « logique d’en bas » deviennent logique du partage, de l’égalité, où il n y a plus de « haut » et de « bas », où tout le monde est égal, tout le monde est impliqué, à élaborer à la fois son destin et celui des autres, où commence à construire notre destin collectif.

‘« Etre à la fois dedans et dehors : question de statut, acceptation de se livrer d’une expérience en commun à côté des modes de faire et de décider habituels est déjà un grand pas. Cette acceptation n’est ni mécanique ni automatique, ni linéaire, par conséquent jamais acquise : elle décline ou s’étend dans le temps, au gré d’événements parfois peu perceptibles, peu rationnels, et rien n’est moins assuré que sa pérennité. Elle repose sur la motivation des acteurs et sur la circulation de cette motivation à l’intérieur d’un groupe, d’un triangle élastique. »196

Ce triangle élastique comporte ainsi d’après l’auteur les techniciens, les élus et les habitants, où chacun mobilise ses atouts et son rôle pour contribuer à la construction de sa ville et de ses espaces publics : pour la première fois, pratiques sociales (habitants ), politiques publiques (élus ) et pratiques professionnelles ( techniciens ) vont se retrouver à l’intérieur de ce triangle élastique dans une égalité de position.

Participation, médiation, travail en commun, les politiques publiques deviennent réellement les politiques du public, avec le public et pour le public : c’est cette nouvelle relation entre « public » et « politiques publiques » que tente forger l’urbanisme d’aujourd’hui, à travers ses politiques et projets urbains.

Notes
195.

HAGEGE C., « Evolution de la participation dans les villes dans le temps de la recherche : L’exemple de Marseille », in HAGEGE C., MAYEH P., PICHERAL J-B., TOULOTTE M., « Place des habitants et leur participation aux processus d’élaboration des projets urbains », Recherche-Action, Paris, DAU, 1996,p.24.

196.

HAGEGE C., op.cit. 1996,p.34.