Chapitre 10 : L’époque médiévale et arabo-ottomane. (636 ap. J.C. – 1918 ap. J.C. ) Un espace public rejeté ou sacrifié ?

Figure 19. Beyrouth 1840.
Figure 19. Beyrouth 1840. Source : DAVIE 1987.

Ces époques ont marqué la ville de Beyrouth durant plusieurs siècles : l’époque omeyade, abbasside, croisée, mamelouke et ottomane.

Peu de vestiges ou de monuments nous restent de ces époques à Beyrouth : la plupart ont été démolis ou ravagés durant la guerre ( 1975-1990 ) ou plus particulièrement dans le cadre du projet d’aménagement de Solidere.

Cela suscite des interrogations sur la manière dont les vestiges et les monuments historiques ont été sélectionnés et conservés : des symboles idéologiques et politiques ont du tranché- semble-t-il – plus que les raisons scientifiques.

Michael Davie explique cette situation par une sélection idéologique et politique mobilisée par les occidentaux depuis le début du 20ème siècle :

‘«  Le patrimoine islamique du Liban est pratiquement passé sous silence ; le silence est assourdissant pour le patrimoine ottoman. Le patrimoine croisé a fait l’objet de beaucoup d’attentions, bien que les Etats croisés n’ont que peu duré eu égard de la présence de l’Islam ou de l’Empire ottoman ; les choix sont manifestement idéologiques. »233

Dans le même ouvrage, May Davie parle d’un patrimoine sélectif qui a permis de gommer, en toute légitimité, des pans entiers du passé, comme ce fut le cas pour le riche héritage ottoman.234

En ce qui nous concerne, et loin de rentrer dans ce débat sur le patrimoine arabo-ottoman, nous pouvons constater que l’espace public de ces époques bien que la plupart de ces ensembles urbains ont été gommés sinon rasés sans aucune intégration sérieuse dans le nouveau projet de Solidere.

Dans cette partie, nous verrons les vestiges ou monuments qui restent de cette époque, et la manière dont ils ont été traités.

Notes
233.

DAVIE M.F., « le patrimoine architectural et urbain au Liban. Des pistes de recherche », in AKL Z., DAVIE M.F., « questions sur le patrimoine architectural et urbain au Liban », ALBA, URBAMA, 1999, p.14.

234.

DAVIE M., « enjeux et identités dans la genèse du patrimoine libanais », op.cit. p.67.