c- Les espaces privés :

Enfin, et plus que le quart des beyrouthins s’attachent toujours à pratiquer leur temps libre dans des espaces privés, qui offrent parfois un usage aussi diversifié et multi-communautaire que dans les espaces publics.

Ce type d’espaces, l’espace privé, regroupe plusieurs sous-types, en particulier les foyers et maisons privées, les clubs privés et les centres et équipements religieux.

En effet, ce type d’espace englobe dans la pratique plusieurs fonctions et usages à caractère public, mais ne désigne qu’une partie de la population bien déterminée et acceptée à l’avance. Ce sont ainsi des espaces d’exclusion, qui sont fréquentés par une bonne partie des beyrouthins et ceci pour plusieurs raisons :

« Il s’agit surtout de rendre visite à des gens qu’on apprécie » : en effet les coutumes et les modes de vie en Orient sont pleins d’échanges sociaux et de vie publique même au sein de la vie privée, et l’espace du voisinage par exemple, est plein de socialisation et d’interaction…

« L’église est le lieu où on s’alimente spirituellement et où on rencontre des gens qu’on apprécie » : une dimension religieuse et sociale qui exclut l’autre différent, au moins dans la pratique…

« Les espaces privés sont les places où je vis et les espaces publics urbains sont les lieux où je m’amuse » : une dimension sociale quotidienne comme si les espaces publics urbains ne font pas partie de la vie quotidienne…

« Pour des raisons économiques » : la crise économique a changé les modes de vie, où on n’a plus le temps au loisir…extérieur…

« Pour des raisons politique et de sécurité » : pour une partie des gens, l’espace public à Beyrouth n’est pas complètement sécurisé…

En effet, ce type de l’espace, l’espace privé, - allant du foyer, au clubs privés, aux complexes résidentiels fermés…- et qui regroupe une grande partie des pratiques publiques de la population ne font pas partie de ma thèse focalisée sur les deux premiers types, en ce que ce dernier type présente en lui-même des questions plus fines, et qui nécessitent un travail autonome plus approfondi.

En effet, les complexes résidentiels fermés ont été implantés au Liban, en particulier dans le Grand Beyrouth depuis plus d’une vingtaine d’années ; selon une étude en cours portant sur les fragmentations des sociétés à travers des nouveaux types d’espaces, le choix de vivre dans de tels espaces fermés repose sur deux critères fondamentaux :

Un premier critère en rapport avec des questions de sécurité et des enjeux politiques et communautaires ; un deuxième critère en relation avec les services offerts par ces types d’espaces, comme les espaces publics communs ( espaces verts, terrains de jeux…) ou les infrastructures de qualités.

Toujours selon cette étude en cours, ces complexes résidentiels fermés regroupent 4 types différents : les compounds résidentiels fermés, les centres balnéaires, les complexes de villas et les villes modèles : or depuis la sortie de la guerre, plus qu’une dizaine de cers nouveaux complexes résidentiels fermés ont été commercialisés dans l’agglomération beyrouthine.

Ainsi, ces types d’espaces qui reflètent un nouveau mode de vie, qui privilégie l’enfermement dans des espaces communautaires fermés reflètent un certain besoin, voire une certaine demande : sécurité et espaces communs de qualité.

Ces types d’espaces privés sont plutôt des espaces communautaires et confessionnels modernes surtout qu’ils excluent les autres selon deux critères essentiels : la confession et la classe sociale.

Bref, ces espaces reflètent un certain mode de vie, voire une certaine demande gérée par le secteur privé en dehors de toute planification ou politique préalable ; ainsi, les résidentiels n’éprouvent plus un besoin d’espaces publics centraux ou d’ouverture et d’intégration ; au contraire, ils vivent « calmement » dans leurs « compounds » tout en bénéficiant de leurs services particuliers.