a- Elaboration du Plan Vert de la ville de Beyrouth : une politique d’espaces verts ou d’espaces publics ?

a-1- Un plan plein d’ambitions 

Financé par la Région Ile-de-France, un Plan Vert pour la ville de Beyrouth a été élaboré en 2000, par une agence de paysagisme française, Interscène, avec la collaboration de madame Françoise Lenoble-Predine, développeur culturel et économique.

Intitulé « une légitimité originale et originaire, un espace pour les Beyrouthins », ce Plan Vert a l’ambition de réinventer la patrimonialité de la ville de Beyrouth comme « puissance d’images et matrice d’identité » afin de faire face à la mondialité :

‘« La patrimonialité peut soutenir une appartenance territoriale ouverte du monde. L’histoire et la géographie volent au secours de cette patrimonialité ».325

Deux éléments spécifiques formeront ainsi la base de cette politique afin de revaloriser la ville de Beyrouth et de lui trouver une place, voire une identité, face à la mobilité, aux réseaux nationaux et mondiaux : l’histoire et la géographie.

En commençant par l’histoire, la ville de Beyrouth a été toujours ce croisement entre la culture Occidentale et la culture Orientale, d’où son visage multiculturel :

‘« Le paysage raconte partout l’histoire de la terre et des hommes, il est le premier des patrimoines ».326

Ce paysage doit fournir aux beyrouthins et aux usagers en plus du patrimoine, une scène où se déroule la vie quotidienne, un espace public où s’écrit l’histoire de la ville :

‘« Le paysage est la synthèse de tout ce qui constitue le cadre de vie et les aménagements des espaces publics contribuent à sa qualité par la combinaison entre le végétal, le minéral, la lumière, l’eau, les éléments architecturaux… »327

Ce plan vert a l’ambition d’améliorer le cadre de vie des usagers de la ville en leur offrant un espace multifonctionnel :

‘« Réfléchir et intervenir sur le paysage, faire un plan vert, c’est aussi se poser la question du bien être des hommes et de ce qu’ils privilégient : les échanges, le repos, la détente, le jeu ( place de l’enfant dans la ville), le développement intérieur. »328

Ce plan vert a l’ambition aussi de « renaturaliser » la ville, voire de tisser des liens entre les beyrouthins et la nature, en puisant ses ressources des différentes « errances urbaines », des « repérages photographiques », « des recherches historiques » (cartes postales anciennes), et des repaires à la géographie.

‘« Le Liban était associé à la richesse et la profusion des ressources offertes par l’agriculture grâce à une géographie, à un climat exceptionnel et à de nombreuses sources qui ont fait de la montagne libanaise le château d’eau de cette région du Moyen Orient. Orge, froment, vigne, figuier, olivier, rutilant grenadier, amandier, caroubier, pistachiers, poussaient à profusion, ainsi que l’abricotier, le pêcher, le noyer… »329

Notes
325.

LENOBLE-PREDINE F., HUAU Th., « Elaboration du Plan Vert de la ville de Beyrouth », esquisse d’un plan vert, 2000.

326.

LENOBLE-PREDINE F., HUAU Th., op.cit., 2000.

327.

LENOBLE-PREDINE F., HUAU Th., op.cit., 2000.

328.

LENOBLE-PREDINE F., HUAU Th., op.cit., 2000.

329.

LENOBLE-PREDINE F., HUAU Th., op.cit., 2000.