b- Le plan de réaménagement des espaces publics du centre-ville : le seul document libanais spécifcique pour les espaces publics ?

Selon nos recherches, Solidere est le seul acteur qui possède un plan de réaménagement spécifique pour les espaces publics : en effet, ce concept semble être largement confondu chez les autres acteurs urbains avec celui des espaces verts, ce qui minimalise son rôle dans la ville.

Selon les responsables de Solidere, les nouveaux espaces publics doivent faire rejouer au centre son rôle attractif dans un contexte de forte concurrence entre les métropoles régionales.350 Ainsi et dans le souci de rétablir un bonne réappropriation de l’espace par les citadins, ce plan doit exprimer la renaissance d’une atmosphère sociale spécifique qui permettrait le passage de l’ancienne ville à la nouvelle :

‘«  Un sens culturel, historique et social sera donné aux espaces publics, afin de leur rendre leur valeur d’espaces scéniques réappropriés par le grand public, et de leur redonner une dignité formelle pour qu’ils récupèrent leur plénitude urbaine. »351

Afin de répondre à cette attractivité recherchée, et selon madame Ghoussainy, ex-responsable du programme « espaces publics » à Solidere, deux objectifs d’aménagements sont proposés dans ce plan :

Le premier considère les espaces publics comme devant être les berceaux des découvertes archéologiques qui tracent l’histoire urbaine de Beyrouth :

‘« La trame urbaine antérieure, les anciens tracés des rues qui gardent le souvenir des formes successives d’occupation du sol et des différents processus morphologiques, ainsi que les sites archéologiques seront mises en valeur pour dialoguer, par la tension de leurs antagonismes, la mémoire du centre-ville à travers l’histoire de ses formes urbaines »352

Le second considère que la mise en valeur des espaces publics patrimoniaux ne vise pas seulement leur image, mais aussi leur usage :

‘«  En effet, il s’agit de créer un lien organique fort entre les structures traditionnelles du centre-ville d’antan et les structures nouvelles envisagées constituant l’élément unificateur de la diversité du centre, tout en encourageant l’éclosion d’un tissu de significations et de symboles, directement ou indirectement perceptibles, tant par l’ambiance urbaine que par le réaménagement et l’équipement des espaces publics patrimoniaux. »353

Toujours et selon Noha Ghoussainy, ces signes et symboles devront rappeler le rituel social qui existait auparavant entre l’individu et le collectif, afin de favoriser un enracinement rapide des personnes et aussi des traditions.

Selon Madame Ghossainy, deux phases ont servi à l’élaboration de ce plan :

Une première phase de recherche sur les modes de croissances de la ville, ses usages successifs et son système de relations : en se référant à des historiens, sociologues et urbanistes, cette phase vise à interroger et à reconstruire l’histoire socio-urbaine de la ville.

Une deuxième phase de proposition de scénarios sur les rôles et les formes des nouveaux espaces publics du centre-ville : elle vise à réfléchir les nouveaux usages qui relieront des ensembles ou des séquences qui trouvent leur cohérence dans l’histoire. L’objectif étant alors de créer des vecteurs de socialisation et de réappropriation pour les habitants de la ville.

Ainsi, et après avoir tracé les grandes lignes de cette politique, composée d’un Schéma Vert et d’un programme de réaménagement des espaces publics, il serait pertinent de passer à leur analyse afin de comprendre le sens de leur référentiel et leurs capacités à répondre aux questions posées dans la problématique.

Notes
350.

GHOUSSAINY N., « espaces publics et patrimoine dans le projet de reconstruction du centre-ville de Beyrouth », op.cit., p.96.

351.

GHOUSSAINY N., « espaces publics et patrimoine dans le projet de reconstruction du centre-ville de Beyrouth », op.cit., p.97.

352.

GHOUSSAINY N., « espaces publics et patrimoine dans le projet de reconstruction du centre-ville de Beyrouth », op.cit., p.97.

353.

GHOUSSAINY N., « espaces publics et patrimoine dans le projet de reconstruction du centre-ville de Beyrouth », op.cit., p.98.