2- Le parcours archéologique du centre-ville ou le « hetitage trail » : un espace public pour retisser les mémoires des lieux ?

Selon notre aperçu historique sur les vestiges archéologiques à Beyrouth, les fouilles ont été financées en majorité par Solidere. Sans reprendre le débat ouvert sur le patrimoine à Beyrouth, nous avons vu comment ce dernier a été souvent sélectif, et ceci pour des raisons politiques, idéologiques et économiques servant dans la majorité des cas au profit des projets d’aménagement :

‘« La cohérence de l’intégration des vestiges protégés, disséminés dans tout le centre-ville, a été sacrifiée au plan d’aménagement. A part le tell ancien, pour lequel on envisage de combiner un musée archéologique avec un axe routier majeur, les vestiges ont été intégrés à ce qui était prévu avant leur découverte : parking, parc, centre commercial… »367

Cependant, les différentes fouilles entamées depuis le début des années 90 ont permis la découverte d’innombrables vestiges appartenant à plusieurs époques de l’histoire de Beyrouth. Ces différents vestiges ont « ouvert les yeux » des archéologues soutenus par le conseil scientifique international de l’UNESCO sur l’importance de ces derniers à Beyrouth, souvent sacrifiés au profit des projets d’aménagement.

Ainsi, Solidere a décidé de créer un parcours archéologique qui redonnerai un sens global à ces différents vestiges retrouvés et intégrés de façons diverses : dans un musée, dans un parc public, dans un parking, dans un projet de souks, dans jardin public…un sens global qui pourrait relier ces différents vestiges qui ont perdu leur unité, avec les monuments historiques de caractère politiques ou religieux, conservés à leur tour dans le cadre du même projet.

Selon les recherches d’Adeline Borde, menées sur les enjeux de l’archéologie à Beyrouth, ce projet d’espace public vient à la rescousse de l’archéologie en général, comme le cas du jardin du pardon, à caractère plutôt symbolique :

‘« Malgré cette incohérence dans la préservation, Solidere a trouvé une logique à travers le parcours archéologique, qui permet d’unifier des décisions disparates ».368

Quant aux responsables de Solidere, ils expliquent ce parcours comme une vaste promenade historique rétrospective qui fera bénéficier le plus large public des découvertes archéologiques faites au cours de ces quelques dernières années.369

Dans ce qui suit nous analyserons les différentes dimensions de ce nouvel espace public proposé pour les années à venir.

Notes
367.

BORDE A., « enjeux et mécanismes de l’intégration des vestiges archéologiques dans la reconstruction du centre-ville de Beyrouth », op.cit., p.20.

368.

BORDE A., « enjeux et mécanismes de l’intégration des vestiges archéologiques dans la reconstruction du centre-ville de Beyrouth », op.cit., p.20.

369.

LEBAS J.-P. , «  Revitaliser le centre-ville de Beyrouth en intégrant la mémoire des lieux dans la reconstruction », in AKL Z., DAVIE M.F., « questions sur le patrimoine architectural et urbain au Liban », ALBA, URBAMA, 1999, p.216.