b- Dimension normative 

Les nouveaux souks s’étendent sur une superficie de 60000m2 , avec des surfaces bâties nettes de 100000m2, qui varient des boutiques traditionnelles (30000m2) au Souk des Bijoutiers (4000m2) en passant par le Grand Magasin international (15000m2) jusqu’au supermarché (6000m2) sans oublier leur fonction culturelle et de loisir (15000m2). A cela viennent s’ajouter des bureaux pour les professions libérales (30000m2) et quelques lots. Il faut ajouter à cela les espaces verts et les places publiques, ainsi que le parking souterrain de 2500 voitures. Le projet comporte 165000m2 de construction. (dont 200 magasins à l’intérieur du Souk ) .

Figure 94. Perspective sur le projet de reconstruction des souks : centre-ville de Beyrouth
Figure 94. Perspective sur le projet de reconstruction des souks : centre-ville de Beyrouth Source : Solidere.

L’espace de loisir est composé d’un complexe de cinémas (8 salles ) avec une salle “1-Max” première du genre au Moyen-Orient avec ses images en trois dimensions et don dôme, et d’espaces réservés aux jeux électroniques et de réalité virtuelle, ainsi qu’à de multiples restaurants, ce qui permet à l’acheteur ou au promeneur de satisfaire ses envies dans un seul lieu : le projet des Souks sera l’élément moteur du réaménagement du centre-ville de Beyrouth. Les espaces ouverts au public représentent 40 % du projet : les souks deviendront un lieu de rencontres et d’échanges dans tous les sens du terme. Le but est d’offrir aux citoyens le plus grand champ d’action pour leurs activités de loisirs et d’achats, avec une offre allant du supermarché au grand magasin, en passant par les petites boutiques de la mode, offrant les grandes marques aussi bien que les petites. Animés le jour comme de nuit, intéressant en toute saison, les souks seront un lieu de travail, de visite, de récréation et de shopping. Bien que chargés d’histoire, ils seront un nouveau lieu de rencontre . Ainsi, ces Souks ne gardent de leurs prédécesseurs et ancêtres que le nom et l’emplacement géographique, et ne font nullement référence à une conception traditionnelle orientale.

Spatialement parlant, ce projet se présente comme un grand centre commercial plus qu’un souk à l’oriental…en effet, et contrairement aux autres projets d’aménagement d’espaces publics qui tentent revaloriser une certaine époque historique, en la ramenant à son état d’origine, ce projet propose de faire revivre d’une manière moderne un espace public fermé historique, en partant d’un terrain complètement rasé qui ne contient aucune trace de ce dernier…

Figure 95. Perspective générale du projet de reconstruction des souks : centre-ville de Beyrouth.
Figure 95. Perspective générale du projet de reconstruction des souks : centre-ville de Beyrouth. Source : Solidere.

Ceci nous met devant une autre problématique architecturale qui nécessite elle seule une recherche approfondie : dans quelle mesure peut-on respecter mobiliser des tracés historiques voire des modèles patrimoniaux afin de moderniser un certain espace sans prendre en compte contenu du projet, voire sans se baser sur les pratiques qu’il devrait sous-tendre en premier lieu ?

Ainsi, le projet des Souks qui s’étendront sur 100000m2, doit être le poumon commerçant et, accessoirement, culturel du centre historique. Un lieu de rencontre pour tous les Beyrouthins. Qu’on se souvienne de ce qu’étaient les souks avant la guerre ! une mixité sociale et fonctionnelle doit se recréée dans cet espace. Les cinémas du quartier – Roxy, Dounia, Empire ou Métropole – seront remplacées par complexe (comme déjà expliqué) avec dôme Imax et les grands magasins de jadis laissent place sur le papier à un grand magasin parisien et à un Mall à l’américaine ! On estime que les usagers de cet espace public, seront le “public” : un public appartenant à toutes les communautés, à toutes les classes sociales, aux jeunes aux vieillards, aux pauvres, aux riches, aux Chrétiens, aux musulmans, aux étrangers… En effet, il serait intéressant de mener une recherche sur tous les enjeux du projet quand il sera finit, pour voir quels vont être les différences entre les estimations, les études de faisabilité, et les pratiques réelles.

Comme déjà dit, le projet des Souks symbolise aujourd’hui le cœur ancien de Beyrouth : il symbolise encore le régime de négociations entre ses différents usagers : des interactions entre les différentes communautés ; en un mot, ces Souks symbolisent un lieu excellent de socialisation et non seulement de rencontre entre les communautés, un lieu où se mélangent les références privées, pour en sortir avec un cachet beyrouthin : ils symbolisent encore, la ville arabe, déjà évoquée dans la première partie, avec la spécialisation des Souks, mais cette fois-ci selon une architecture moderne symbolisant aussi le choix de s’ouvrir sur la mondialisation, mais toujours en gardant une certaine spécificité locale, et c’est le vrai processus de mondialisation, semble-t-il.