6- LINORD ( société libanaise pour le développement du littoral nordique de la ville de Beyrouth) et la Société Nationale d’entreprises 

Le projet Linord est un des plus grands projets de développement de l’environnement au Liban : il comporte la récupération de mer et le développement du littoral situé au nord de Beyrouth et de se prolonger entre le fleuve de Beyrouth et le fleuve d’Antélias, pour une surface totale de 2.4 millions de m. Le projet entourera les travaux principaux à exécuter par une entreprise privée anonyme. (Linord)

En 1997, le gouvernement libanais, représenté par le CDR a lancé un appel public et limité pour offre de soumission concernant le financement, l’étude, la construction et la garantie des digues de protection et de la réclamation de terrains en mer, des travaux portuaires, de la réhabilitation de la décharge d’ordures à Borj Hammoud, des travaux principaux pour le prétraitement des eaux usées, et des travaux d’infrastructures pour le projet Linord, y compris le transfert au gouvernement du Liban des travaux de service d’ordre public et les obligations y afférent.

Figure 98. Linord et la marina de Dbayeh : maquette du projet.
Figure 98. Linord et la marina de Dbayeh : maquette du projet. Source : Linord.

Selon le CDR, le projet sera soumissionné sur la base d’un contrat d’Endigge de financement, d’étude et de construction, selon le concept du plan directeur conceptuel les conditions techniques et légales, les exigences de l’employeur et les critères des études.

Dans le projet Linord, la surface globale de terrain à réclamer/développer selon les indications conceptuelles du plan directeur conceptuel s’étend sur une surface brute d’environ 2 400 000 m. L’adjudicataire recevra une partie du terrain réclamé et aménagé pour ce projet, en contrepartie d’entreprendre plusieurs tâches en particulier la réhabilitation du site de décharge des ordures existant à Bourj Hammoud et sa transformation en un parc régional d’agrément, de 260.000m2.

Or ce projet est connu aujourd’hui en gros par la Marina Joseph Khoury, ou la nouvelle ville et Marina de Dbayeh. Ce projet planifié depuis de longues années par l’architecte urbaniste Ricardo Boffill ( en 1983) n’a réellement démarré qu’en janvier 1996 où une grande partie était déjà terminée. Or depuis le début du projet, c’est la Société Nationale d’Entreprises ( de Joseph Khoury) qui a été chargée des travaux : au début, ce projet devait s’étendre du fleuve de Beyrouth à Nahr el Kalb, et permettre de gagner quatre millions trois cent trente quatre mille mètres carrés sur la mer.

D’après M. Khoury, interviewé en 1999399, cinq entreprises se sont présentées à l’appel de l’offre international lancé par le CDR, et c’est la Société Nationale d’Entreprises qui remporte l’adjudication. Ensuite la surface du projet adjugé en 1983 a été modifiée ainsi que son programme se limitant enfin aux travaux s’étendant du fleuve d’Antélias jusqu’à Dbayeh. C’est cette partie qui sera ainsi achevée par la Société Nationale d’Entreprises ; quant au reste de l’espace, il a fait l’appel d’offre signalé et remporté par Linord.

Les biens domaniaux sont constitués de routes, de jardins publics et de terrains commercialisables destinés à la vente.

Quant au port de plaisance, qui fait partie du projet, il sera exploité durant 25 ans par M.Khoury. Après cette période, la marina et ses dépendances ( club sportif, piscine olympique) seront rendues au gouvernement libanais.

Le projet est subdivisé en trois zones principales très riches en espaces publics :

Figure 99. Linord et la marina de Dbayeh :Plan du Projet. Source : Linord.

9 Primary and Secondary Sewage Treatment Plants

la première zone à usage mixte comprend quatre tranches allant de Nahr el mot à la rivière d’Antelias ; elle couvre une surface de 1101137 m² : elle comprend outre que les espaces résidentiels plusieurs types d’espaces publics :

la deuxième zone, qui va de la rivière AlJamloul à Nahr el Mot couvrant une superficie de 564000m² est plutôt réservée à l’industrie et semble moins riche en espaces publics.

Quant à la troisième zone, elle va de Nahr Beyrouth à la rivière El Jamloul, et couvre une superficie de 729430m² : elle comprend outre que des espaces consacrés à l’industrie légère et aux usines de traitement des eaux une surface importante d’espaces publics :

Parc et Jardins, les plus beaux et les plus vastes de la banlieue nord, ils profitent de la vue sur la mer et contribuent à rafraîchir les espaces voisins tout en fournissant des attractions et des facilités sportives.

Figure 100. Linord et la marina de Dbayeh : perspective générale du Projet.
Figure 100. Linord et la marina de Dbayeh : perspective générale du Projet. Source : Linord.

Ainsi, ce grand projet au Nord de la ville de Beyrouth englobe dans on programme une multitude d’espaces publics ( 11% du projet : des parcs et des jardins publics sur une surface de 266.273 m ) en commençant par les parcs et jardins publics fournissant des attractions et des facilités sportives ; ensuite une grande marina avec un grand port de plaisance, le plus grand su monde arabe ; enfin la promenade côtière ouverte aux gens depuis quelques années (4 ans) et qui représente aujourd’hui un espace public concurrent à la corniche de Beyrouth, captant toute sorte de population appartenant à toutes les communautés.

Les promenade sont ouvertes à tous, sous réserve du respect d’une discipline de propriété essentielle, dans un espace de cette qualité. A la fin des travaux, se sont des sociétés spécialisées dans la gestion des ports, celle des clubs et de leurs dépendances, dans la vente et l’entretien, qui sera confiée la gestion des différentes activités de la cité afin que son fonctionnement demeure entre les mains de professionnels.

Figure 101. Linord et la marina de Dbayeh : les promenades au bord de la mer.
Figure 101. Linord et la marina de Dbayeh : les promenades au bord de la mer. Source : Linord.

Ainsi, la corniche de Dbayeh est aujourd’hui un espace largement ouvert au public de toutes références, de tout âge et de toutes classes sociales, un espace ouvert au sport, au loisir, à la récréation et aux rencontres.

Quant au port de plaisance, il est le plus grand port de plaisance du monde arabe : selon un entretien fait avec M.Khoury,400 bénéficiant d’une profondeur de 13 mètres, la marina de Dbayeh peut recevoir 110 grands bateaux pouvant aller jusqu’à 100 mètres de long, et plus de 600 petits bateaux de moins de 20 mètres. Ayant un plan d’eau d’une surface de 120 000 mètres carrés, le port présente des quais totalisant une longueur de 800 mètres, et une plate-forme élévatrice d’une capacité de 600 tonnes.

Figure 102. Linord et la marina de Dbayeh : le port de plaisance.
Figure 102. Linord et la marina de Dbayeh : le port de plaisance. Source : Linord.

Créés entièrement par la Société Nationale d’Entreprises, spécialisées dans les travaux marins, le port de plaisance de Dbayeh, ainsi que ses dépendances seront exploités durant 25 ans par la société qui l’a construit. Plus tard, la marina reviendra à l’Etat libanais. Cette partie du projet est déjà achevée. Les dépendances du port ont également été développées. Ainsi une piscine double olympique longue de 100 mètres et large de 24 mètres, des parcs pour enfants, des terrains de tennis, un amphithéâtre en plein air pouvant recevoir 1 200 spectateurs, ainsi que des parkings pour 700 voitures ont vu le jour. Un club privé ayant sa propre école de plongée sous-marine, fait également partie des dépendances de la marina.

Ainsi, ce projet qui privilégie l’espace public en lui consacrant une large partie de ses surfaces, présente aujourd’hui une chance importante pour le Grand Beyrouth qui souffre d’une vraie politique pour les espaces publics.

Espérons d’ailleurs, que ces différents espaces publics aménagés ou en cours d’aménagement resteront dans le futur toujours ouvert au public libanais, et à tout le public sans exclusion sociale ou communautaire, et que ce projet ne se transformera pas dans le futur en une partie privée de la ville.

Ainsi, à tous ces acteurs publics et privés correspondent en partie des projets, des stratégies ou des politiques qui favorisent directement ou indirectement l’aménagement d’espaces publics.

Sans oublier le rôle indirect ou direct des partis politiques dans l’établissement ou la favorisation de création d’espaces publics ou verts…et d’autres acteurs qui joueront le rôle d’urbanistes médiateurs, afin de combler ce vide qui existe entre la population et les organismes publics chargés de la reconstruction.

A ces partis politiques s’ajoutent encore des regroupements privés, des commerçant, des syndicats, des clubs (le rotary club par exemple), favorisant ainsi, d’une manière ou d’une autre la renaissance de l’espace public à Beyrouth.

Notes
399.

l’orient le jour, le 5/5/1999, p.5.

400.

l’Orient le jour, le samedi 11 septembre1999, p.5)