3- Méthodes 

Dès 1992, le service maîtrise d’ouvrage de la communauté urbaine de Lyon s’étoffe et devient l’outil d’organisation d’une véritable campagne de transformation des espaces publics. Rattaché administrativement au Département du Développement Urbain, ses méthodes et circuits de prises de décision s’autonomisent rapidement par rapport aux autres services gestionnaires.410

Ainsi, la politique d’aménagement d’espaces publics de Lyon a pu mettre en œuvre une méthode de travail transversale, en créant une maîtrise d’ouvrage unique pour les espaces publics :

‘« Nous avons participé à l’émergence d’un nouveau métier, la maîtrise d’ouvrage d’espace public. Parallèlement, le métier de maître d’œuvre d’espace public a évolué. Il est passé d’une approche strictement formelle à une approche intégrant dans l’activité de formalisation les problématiques d’usage et de gestion. »411

Outre l’originalité de cet organisme multidisciplinaire créé à l’échelle de l’agglomération, le rôle des habitants a été pris dès le début comme un facteur essentiel pour l’élaboration des grands objectifs de la politique et de ses différents projets :

En expliquant la politique d’aménagement des espaces publics de Lyon, J.P.Charbonneau insiste sur la participation des habitants à l’élaboration de leurs espaces publics, en expliquant que tous, maîtres d’œuvres, techniciens, intellectuels, hommes politiques doivent se penser et dialoguer et se confronter ensemble :

‘«  Enfin, il est un rôle essentiel, celui des citoyens, trop souvent minimisé ou perçu parfois avec condescendance. Alors que l’on travaille de plus en plus sur le tissu existant, habité, dans des quartiers où, à priori, l’action publique est ressentie avec méfiance, toute action urbaine qui vise à une certaine efficacité, passe désormais par le débat public, la concertation, au-delà de tout point de vue idéologique ».412

Enfin, l’originalité de cette expérience qui pourrait être en quelque sorte un bon exemple pour toute politique d’aménagement d’espaces publics se résume par les tâches suivantes :

La création d’un organisme public à l’échelle du problème en question ; ici l’agglomération et sa dimension interdisciplinaire : A Beyrouth, il y a une nécessité aujourd’hui de créer un organisme qui soit à l’échelle du problème, à l’échelle du Grand Beyrouth, et qui pourra résumer la multitude des acteurs publics de l’Etat.

La construction d’une agglomération homogène : l’unité de travail dans le centre et dans la périphérie : A Beyrouth, seul le centre-ville est en cours de reconstruction, comme s’il était un îlot indépendant des autres parties de la ville : aucun travail de construction d’une agglomération homogène a été fait, outre que le SDAU qui nécessite une vraie reformulation, en particulier au niveau des priorités.

Une valorisation des spécificités des différents lieux et le respect des identités locales et des mémoires des lieux : A Beyrouth, c’est la tabula rasa qui semble définir les nouvelles fonctionnalités des lieux, loin de s’intéresser aux spécificités locales de cette ville, en particulier sa mémoire culturelle, politique, et même architecturale…

La maîtrise du partage de l’espace urbain : A Beyrouth, outre que dans le centre-ville, aucun travail a été fait afin de privilégier les modes doux de déplacement, en particulier le piéton, et la voiture reste toujours l’élément majeur de toute appropriation de l’espace public, en particulier de nos rues.

La participation de tous les acteurs de la ville, les habitants en premier lieu : A Beyrouth, parler de participation, de concertation semble être de la poésie ou de l’irréalisme, à l’exception de quelques régions de la ville où les enjeux confessionnels et politiques semblent prendre le relais de la médiation…cette partie sera détaillée dans la partie suivante…

Enfin, bien que cette expérience nécessite actuellement une vraie évaluation, afin de tracer son harmonisation avec les pratiques sociales présentes depuis plus que 10 ans, elle représente aujourd’hui dans le monde urbain un exemple réussi de programmation, de conception et d’aménagement d’espaces publics.

Figure 107. Place des Jacobins, Lyon.
Figure 107. Place des Jacobins, Lyon. Source : Pierart & Vanthier, http://www.lyon-photos.com.

Notes
410.

BETIN Ch., « Espace (s) public (s) et recherche urbaine en France le contexte et les conséquences à Lyon », op.cit.

411.

AZEMA J.-L., « L’expérience Lyonnaise, la naissance d’une organisation », op.cit., 2001, p.198.

412.

CHARBONNEAU J.-P., « La politique de l’espace public : Lyon et Saint-Etienne », Urbanisme, N°311, 03/2000, p.43.