b- La dimension normative 

D’après Jobert et Muller, la dimension normative d’une politique publique définit les valeurs dont il faudrait assurer pour le traitement des problèmes à résoudre.

Or sous quels critères sont fondés la plupart des projets et politiques d’aménagement d’espaces publics à Beyrouth et quels types de valeurs sous-tendent-ils et pourquoi ?

En analysant les trois politiques déjà évoquées, nous remarquons que chacune d’elles regroupe des valeurs différentes :

En commençant par le SDAU RMB, il formait dès son élaboration une vision globale à l’échelle de l’agglomération qui touchait à plusieurs dimensions de la ville 

Enfin, le Schéma Directeur Vert de Solidere présente des caractéristiques parfois intéressantes touchant à plusieurs dimensions :

Enfin, le SD Vert de Solidere fait partie d’un projet global de reconstruction à l’échelle du centre-ville ce qui affirme un choix politique, voire un projet politique de revaloriser le centre-ville. Bien que ce projet politique soit plein d’innovations, il semble répondre à des intérêts privés au détriment de l’intérêt public de la ville et de ses habitants.

Bref, ces trois politiques montrent qu’il y a une différence nette dans le choix des normes qui semblent privilégier tantôt une dimension sociale, tantôt une dimension spatiale et tantôt une dimension économique..

Quant aux projets proposés, ils soulèvent plusieurs types de représentations, privilégiant dans la plupart du temps la dimension archi-urbanistique au détriment des dimensions socio-politiques :

Le projet des Bois des Pins par exemple a été aménagé pour deux objectifs majeurs : réconcilier la ville avec la nature d’une part et réconcilier les beyrouthins entre eux d’autre part : bien que le premier objectif soit déjà mis en route, voire achevé depuis la fin de l’aménagement du parc (3 ans environs ), le deuxième objectif reste toujours absent à cause de plusieurs enjeux socio-politiques qui font que le parc est toujours fermé.

Pour les autres projets aménagés au centre-ville, les dimensions spatiale et économiques sont bien privilégiées et représentent la base voire les normes essentielles : le jardin des Bains Romains, le projet des souks, la place de l’Etoile, la place des Martyrs, représentent des exemples concrets de cette vision « matérielle » ( archi-urbanistique) et économique, où le patrimoine et l’histoire sont mobilisés partiellement selon ces trois dimensions afin de légitimiser le choix politique des normes. Quant aux dimensions socio-politiques, elles semblent mises à l’écart, voire oubliées ailleurs dans les périphéries…

Enfin, pour les mesures d’accompagnement, elles ne semblent pas répondre à aucune vision stratégique à long terme, n’ayant pas aucune référence de base, mais plusieurs vision souvent contradictoires, momentanées et ponctuelles.

Or devant ces différents projets, politiques et mesures d’accompagnement, on ne peut pas ignorer les pratiques sociales analysées précédemment : selon nos analyses, la plupart des projets/politiques d’aménagements d’espaces publics ne concernent que les espaces centraux de la ville, ne dépassant pas ainsi ses limites municipales : quant aux espaces publics de proximité, et qui regroupent la plupart des pratiques quotidiennes de beyrouthins, à l’extérieur des limites municipales, ils ne font pas l’objet d’aucune politique organisée.

Ce qui est privilégié, ce sont les espaces publics centraux ou du niveau de l’agglomération, ce qui met en question tout l’aspect social et politique qui prétend réconcilier la ville et ses habitants. Ces derniers continuent toujours à organiser leurs espaces de proximité selon leurs besoins et modes de vie, créant ainsi des quartiers périphériques assez diversifiés et différents au niveau social et spatial.