3- Le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Métropolitaine de Beyrouth (SDAURMB) : absence d’une démocratie nationale ?

Comme nous avons vu dans la partie précédante, le SDAURMB fut préparé durant la guerre (1986) mobilisant à la fois des acteurs locaux, publics, communautaires et internationaux : le CDR et la DGU représentant le gouvernement libanais ; l’IAURIF représentant le gouvernement français : mais ce qui caractérisa cette coopération à l’époque c’était plutôt ses ambitions de trouver une « charte de consensus urbain » voire d’un projet intégrateur plus qu’un projet technique ; pour cela, la mission franco-libanaise représentant les deux gouvernements regroupa une équipe formée de techniciens venus de toutes les communautés.

Le but de ce Schéma était d’intégrer les besoins de toutes les communautés à travers une charte de consensus urbain à l’échelle de l’agglomération.

Ce Schéma Directeur se présente aujourd’hui comme le seul exemple de coopération urbaine associant toutes les communautés : mais cette coopération fut à travers des « médiateurs »  « techniciens » représentant des « communautés » et excluant toute participation « individuelle » représentant des « citadins beyrouthins », ou des « citoyens libanais » obligés toujours à se référer à leurs communautés…

Ainsi cette troisième référence à l’échelle de l’agglomération fut préparée dans une vision de partage, considérant les communautés comme la bonne instance de représentation : et d’ailleurs, cette expérience n’était pas loin de la réalité ; les communautés étaient et semblent être toujours le seul vrai représentant de la société civile au Liban ; ceci induit à une troisième problématique de relation, celle d’une absence de relation entre le public citadin, le public citoyen avec son Etat et ses administrations.

En effet, ce problème de citoyenneté a été bien abordé dans les chapitres précédants : il se résume par une crise d’appartenance et par une crise d’identité renforcées par un système politique confessionnel qui met la communauté confessionnelle comme une médiation obligatoire entre l’Etat et le public.

Pour cela, il semble nécessaire, voire urgent aujourd’hui de reprendre ce SDAU en général et d’en tirer une vraie politique d’aménagement d’espaces publics à l’échelle de l’agglomération tout en lui créant une vraie instance de médiation :

une instance publique qui pourrait intégrer le public beyrouthin directement sans qu’il soit forcé de passer par les communautés d’une part ou par les techniciens d’autre part ; cette logique qui associe à la fois les individus, les communautés, l’Etat, les élus et les techniciens semble très loin de la réalité actuelle du pays bien qu’elle soit urgente.

En résumé, c’est un problème de démocratie qui semble bloquer toute condition de participation.

Ainsi, et selon cet exemple, on sent bien l’absence d’une vraie médiation du pouvoir qui pourra englober tout le monde directement.