Section 1 :
Méthodologie de travail 

1- Place de l’Etoile : choix du Site 

« Place de l’Etoile », « place du parlement », « le centre-ville », « le downtown », « Solidere »…plusieurs expressions pour désigner un seul endroit : le cœur historique actuel du centre-ville de Beyrouth.

Le choix d’étudier la place de l’Etoile s’explique par plusieurs raisons :

Selon les résultats de notre enquête menée en 2002 dans plusieurs endroits de l’agglomération beyrouthine, les lieux de consommation représentent plus que 46% des endroits fréquentés en temps libre ; 29% fréquentent plutôt les espaces privés ( maisons et clubs privés ) ; et enfin, 25% fréquentent les espaces publics urbains. Or selon nos observations et enquêtes de terrain, la place de l’Etoile se présente aujourd’hui comme un espace de consommation et de restauration d’une part, et de sortie et de récréation d’autre part : un espace public urbain et de restauration.

Toujours selon la même enquête menée en 2002, la place de l’Etoile a été désignée par plus que 50% des enquêtés : cette fréquence fut complétée par une autre enquête menée en décembre 2003 et en janvier 2004 sur la place de l’Etoile, dans les quartiers avoisinants, et dans plusieurs endroits des banlieues Est et Ouest de Beyrouth et de son agglomération.

Selon cette enquête, plus que 75% des enquêtés fréquentent cette place au moins 2 à 3 fois par mois.

Enfin, et selon nos enquêtes de 2003-2003, 58 personnes sur 100 estiment le caractère piéton et 50 personnes sur cent estiment l’ambiance architecturale et urbaine de la place de l’Etoile : ce caractère urbain original est renforcé par une dimension symbolique, celle de son emplacement géographique dans un espace qui fut durant la guerre civile libanaise, un no man’s land.

Ces trois raisons convergent complètement avec les objectifs de cette thèse, en particulier celui de comprendre les nouvelles politiques d’aménagement d’espaces publics et leurs usages.

Cette étude de cas vient compléter les enquêtes menées sur différents espaces publics à Beyrouth en 2001, 2002 et 2003.

Or à l’heure actuelle, cet espace commence à devenir un espace public majeur, largement fréquenté par un grand nombre d’usagers : des usagers qui semblent apprécier l’originalité du lieu…or qui sont ces usagers ? D’où viennent-ils  et que viennent-ils faire ? Dans quelle mesure peut-on parler d’une renaissance de l’espace public beyrouthin ?

Parler de spécificités locales c’est aussi parler des symboles, images et couches historiques que représente cet espace : un lieu plein de mémoires et qui a vécu toute une série d’époques reflétant ainsi l’histoire de la ville et du pays. Dans quelle mesure peut-on parler toujours de spécificités locales à l’heure où tout un débat a été ouvert sur la notion de patrimoine ? Dans quelle mesure cet espace, réaménagé par une société privée, met-il en valeur les différentes époques ?

La place de l’Etoile semble être un cas important pour comprendre l’évolution des espaces publics beyrouthins : dans ce qui suit nous essayerons de répondre à toutes nos questions tout en revenant aux hypothèses élaborées au début de cette thèse : une analyse détaillée qui mobilisera les bases théoriques évoquées dans cette thèse nous aidera ainsi à valider les hypothèses.

Enfin, une comparaison avec d’autres types d’espaces publics beyrouthins serait pertinente pour répondre à nos questions de recherche.