Comme nous l’avons dit, la place de l’Etoile a été aménagée selon un modèle français : un système radio-concentrique incomplet pour des raisons socio-politiques déjà expliquées. Ceci a engendré une forme originale d’une étoile à 6 ailes au lieu que 8.
Cette place s’intègre dans un cadre urbain bien défini : ce cadre urbain qui représente les limites géographiques du projet urbain de Solidere a été largement critiqué : jugé comme un îlot artificiel, voire introverti dans une ville de chaos, l’espace urbain qui englobe cette place est devenu très étrange par rapport au reste de la ville. Cette place fait partie du Schéma Directeur des espaces publics de Solidere déjà présenté : en effet elle forme le noyau historique de ce schéma qui doit être relié aux différents espaces publics prévus dans le centre-ville.
Juridiquement parlant, l’espace public que représente cette place, avec les cafés qui envahissent un peu le domaine public, est donc un mélange entre propriété privée et propriété publique avec un usage public. Les tables et les chaises ont déjà prolongé en avant sur la place, et surtout le soir. Ainsi, d’une propriété privée, les terrasses des cafés et restaurants, on a le sentiment d’être dans un espace public qui forme la place de l’Etoile. Il est à noter que la place avec ses restaurants ont acquis aujourd’hui un certain cachet originial, plutôt bourgeois, qui semble n’inviter qu’une certaine classe plutôt aisée.
Les installations des cafés sur le domaine public font l’objet d’une réglementation particulière (dite des droits de place, de voirie et de stationnement) adoptée par un arrêté municipal et obéissent à des prescriptions de natures et contenus différents.
Ce lieu, comme nous l’avons indiqué, regroupe des chantiers archéologiques, des bâtiments historiques ( églises et mosquées et bâtiments datant de l’époque du Mandat français…). La grande Mosquée Omari ( ex-cathédrale Saint Jean des Croisés ) bâtie au 12ème siècle selon cette époque, la mosquée de l’Emir Mansour Assaf bâtie au 18ème siècle ; les deux sérails bâtis à l’époque ottomane ; les cathédrales saint Georges des Maronites et des Orthodoxes ; le bâtiment de la municipalité bâti à l’époque ottomane ; le bâtiment du parlement…et d’autres bâtiments ayant une architecture assez originale.
En commençant par les façades des bâtiments qui entourent la place de l’Etoile, elles ont été réhabilitées à l’ancienne avec un travail de très grande qualité :
Quant au nouveaux bâtiments intégrés dans ce site, ils semblent respecter les façades traditionnelles existantes, en termes de hauteur, de trame ou de couleur et ceci avec l’utilisation de nouveaux matériaux : ( le bâtiment des Nations Unies418, le bâtiment du journal Annahar par exemple… ) bien que le style contemporain semble tenter sa chance quand même…( l’ensemble résidentiel Al Sayfi )
Cette qualité architecturale ( notamment les volumes et les façades ) est complétée par une qualité de matériaux et de revêtement en sol comme sur les façades. Le revêtement du sol privilégie les usages recherchés : avec ses rues bien tracées, et le parlement qui s’y dresse fièrement, avec les immeubles fraîchement rénovés, les quelques nouveaux cafés qui se sont installés et la célèbre horloge située au milieu, la place de l’Etoile offre un spectacle saisissant. Zone piétonne par excellence, les voitures sont strictement interdites sauf pour les députés et les ministres qui viennent au parlement : ceci présente une première violation de l’espace piétonnier. D’autre part, quelques cafés et petits restaurants installés récemment nous invitent avec leurs terrasses qui semblent se confondre avec le domaine public, en particulier avec les trottoirs et même l’espace de la place. Ainsi, tous les deux, domaine public et usages privés, sont devenus une seule unité.
Ce travail de matériaux s’intègre ( et pour la première fois au Liban ) dans une cohérence de mobilier urbain à l’échelle du centre-ville : une cohérence assurée par un travail unifié de signalisation touchant à la fois l’espace et le mobilier urbain. Le mobilier urbain assure ainsi une certaine continuité et une certaine homogénéité des espaces publics de Solidere à travers des bancs, des poubelles, et d’autres outils et supports de signalisation urbaine.
Ce travail de qualité est assuré le soir comme le jour : un paysage nocturne remarquable est recherché dans ce lieu afin d’assurer 3 fonctions différentes : une visibilité de l’espace ; une sécurité et une identité qui s’affichent à travers un travail d’éclairage unique qui s’intègre dans le paysage urbain et se fond dans les façades, avec le mobilier urbain, et avec l’ambiance originale du lieu.
Quant au phénomène publicitaire, il est largement maîtrisé dans ce lieu par la société Solidere : une publicité plutôt très discrète pour ne pas dire absente : pour la première fois, la publicité n’envahit pas l’espace public comme dans les autres parties de la ville.
D’autre part, parler de qualité architecturale et urbaine c’est parler sans doute de « détails » architecturaux : largement recherchés dans cet espace historique, les détails viennent finaliser et donner les dernières touches aux éléments urbains ; un travail qui commence par une recherche approfondie du mobilier urbain jusqu’au revêtement original des façades et du sol.
Enfin, un des bâtiments historiques et originaux de cette place a été complètement rénové pour reprendre ses fonctions historiques : le bâtiment du parlement libanais. Ce bâtiment a été conçu à l’époque du Mandat français ( 1926 ) par l’architecte arménien Mardiros Maltounian, diplômé des beaux-arts de Paris. Il était strictement recommandé d’édifier un bâtiment inspiré du plus « style dit libanais » que l’architecte a dû trouver au Chouf dans les palais des Emirs. En assurant la conception et l’exécution de ce bâtiment, il reçoit également le premier prix pour un concours financé par un riche émigré libanais du Mexique, Miguel Abed : ce dernier voulait offrir à son pays natal une horloge à ériger sur la place de l’Etoile : et elle fut nommée ainsi, l’horloge Abed.
Enfin, ce contexte urbain original est bien apprécié par les usagers de la place, en particulier son aménagement piéton (58%), l’architecture du lieu (50%).
La Maison des Nations Unies a été inaugurée en 1998 : elle regroupe l’Economic and Social Commission for Western Asia (ESCWA), l’office permanent à Beyrouth de la banque mondiale, et d’autres institutions internationales ( UNDP, UNICEF…)