c- Architecture, usages, représentations, reconstructions…De quoi parle-t-on dans ces articles dédiés à la place de l’Etoile ?

La naissance d’un « espace public » semble être évoquée dans la plupart des articles, surtout les plus récents : en effet, durant l’année 2000 on parlait plutôt d’un espace en période de croissance : « la place de l’Etoile ne cesse d’attirer de jour en jour de plus en plus de visiteurs »421, « un quartier qui commence à revivre »422, « le marché aux puces s’est installé dans le but d’animer un peu ces avenues fantômes »…quant aux nouveaux articles, ils désignent cet espace comme un « espace public déjà mature » : « Beyrouth, d’arcade en balcons ; cafés, restaurants, boutiques, la capitale du Liban a repris goût à la vie »423

Parler de la place de l’Etoile c’est évoquer et sans cesse ses spécificités urbaines et architecturales : « rues, parlement, immeubles, façades, horloge, architecture, immeubles fraîchement rénovés », «  les styles arabe, vénitien, français et ottoman se confondent, se jouent allègrement des normes traditionnelles et viennent créer ce qu’on appelle suivant le modèle français : la place de l’Etoile »424…Des descriptions qui présentent plutôt le processus de reconstruction du centre-ville à travers la place de l’Etoile et ses bâtiments uniques.

Toujours dans le même volet urbain, le caractère piéton est largement évoqué dans la plupart des articles, qu’ils soient anciens ou récents : « zone piétonne par excellence »425, « la place de l’Etoile est encore l’un des derniers endroits de Beyrouth où l’on s’oriente au pif, les rues sont piétonnes »426…Le caractère piéton est bien apprécié, et se complète par une ambiance chaleureuse : « le soir c’est le plus agréable avec les immeubles, illuminés, les réverbères allumés, les cafés qui installent leurs tables dans la rue même. C’est une ambiance très particulière qui n’existe nulle part ailleurs …c’est comme si cet endroit ne faisait pas partie du Liban. On pourrait aisément se croire à Montmartre ». 427

Un autre thème est presque toujours présent dans les articles portant sur la place de l’Etoile : l’histoire du lieu et la mémoire qu’il porte ; « la place de l’Etoile a certes recouvré son horloge, construite par les français...comme au temps du Mandat français, les rues au cordeau, avec les immeubles faits en pierre sablonneuses, avec arcades balcons, ont été soigneusement restaurés … la place de l’Etoile s’étendrait sur un forum de l’ancienne ville romaine…A quelques mètres du sol, des civilisations dorment… »428

Ce volet historique est souvent associé au processus de « reconstruction » avec tous les thèmes qui le représentent, sans oublier Solidere, la société privée qui gère le projet d’aménagement : « d’un côté, il y a le projet pharaonique de reconstruction du centre-ville, baptisé Solidere, porté par l’initiative privée… »429

Enfin, les usages et les usagers sont largement abordés dans la plupart des articles portant sur la place de l’Etoile : un espace public plein de vie, plein de fonctions, plein d’usagers. Des usagers assez diversifiés, avec une dimension multiconfessionnelle de la place comme lieu ouvert à tout le monde : « beaucoup de touristes viennent admirer l’architecture… on dirait que c’est ici que Beyrouth retrouve toute l’ampleur de sa dimension multiconfessionnelle. Toute tendance et toute confessions confondues, les Libanais se retrouvent…j’ai l’impression d’avoir un échantillon de toute la population de Beyrouth. C’est l’endroit de tous les contrastes… je viens souvent avec des amis me promener dans la place…certains viennent à la place tout simplement pour rester en plein air, dans un endroit paisible, et fumer un narguilé sous un ciel étoilé, en écoutant de la musique… »430, « onze heures, café, jus d’orange, vélo, trottinette, presse non syndiquée et des boutiques de mode comme Aishti, réputée la plus snob et la plus chère au Liban… »431

Bref, histoire, encadrement urbain et architectural, reconstruction, usage et usagers sont des sujets souvent évoqués chaque fois qu’il y a un article sur la place de l’Etoile : comme si la place est un tout : le passé, le présent et le futur : un espace public plein de mémoires, plein de spécificités locales mais qui se projette vers l’avenir ; bref, un espace public avec plusieurs identités, et qui semble à la recherche d’une nouvelle identité

Notes
421.

SLEF J., « l’étoile superstar », l’hebdo magazine, 16 juin2000.

422.

MHANNA T., « place des grands hommes », magazine libanais, référence inconnue.

423.

BEUVE-MERY A., « Beyrouth, d’arcades en balcons », Le Monde, 11 décembre 2003.

424.

MHANNA T., « place des grands hommes », op.cit.

425.

SLEF J., « l’étoile superstar », l’hebdo magazine, 16juin2000.

426.

ABOUDIB F., « place de l’Etoile », l’Orient le Jour, vendredi 8 décembre 2000.

427.

SLEF J., « l’étoile superstar », l’hebdo magazine, 16juin2000.

428.

BEUVE-MERY A., op.cit.

429.

BEUVE-MERY A., op.cit.

430.

SLEF J., « l’étoile superstar », l’hebdo magazine, 16 juin2000.

431.

BEUVE-MERY A., op.cit.