Section 6 :
La place de l’Etoile : entre spécificités locales et modernisation. Un espace public à la recherche d’un nouveau référentiel : éléments d’analyse et de synthèse

1- La place de l’Etoile : une sphère publique ?

L’étude des usages de cette place nous montre qu’il y a une certaine évolution vers un espace public de citadinité : un espace qui favorise à l’heure actuelle la co-présence des différentes communautés confessionnelles ; une sphère publique semble émerger partiellement d’en bas. Selon nos enquêtes, ce lieu en particulier et le centre-ville en général commencent à regrouper des manifestations de plusieurs courants contradictoires, chacune venant exprimer ses idées.

Ainsi, parler d’un espace public au sens politique d’Habermas semble émerger difficilement d’en bas ; l’espace public de « discussion » et de « citoyenneté » d’Habermas semble ici être toujours à la recherche d’une identité indéfinie : les usages actuels de cette place semblent refléter la co-présence d’une grande partie des beyrouthins, comme espace public d’une citadinité en cours de construction : mais pas de « citoyenneté »…c’est un peu tôt semble-t-il…voire impossible tant que la liberté d’expression n’est pas assumée, tant que la démocratie locale et nationale est toujours en crise.

Cependant, une sphère communautaire semble exister toujours au Liban. Selon Sofia Saadeh, la sphère publique beyrouthine ne peut se retrouver tant que la classe moyenne laïque n’est pas revalorisée : selon nos enquêtes et analyse sémiotique, les représentations des lieux sont toujours marquées par les références communautaires ; chacune s’y référant à des normes différentes.