1. De l’arbre des causes au déterminisme absolu.

La fatalité se définit comme une coïncidence fâcheuse, une destinée inévitable. Selon la théorie fataliste, les événements qui surviennent devaient automatiquement arriver sans que rien ni personne ne puisse faire quoi que ce soit pour modifier le cours des choses. Admettre la fatalité permet surtout de se dégager de toute responsabilité morale et de tout remords. L’attitude fataliste, qui refuse tout raisonnement et par conséquent toute action préventive, est beaucoup plus répandue qu’on pourrait le croire ; les deux tiers des conducteurs admettent plus ou moins que la fatalité est à l’origine des accidents 24 . Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder le nombre de Saint-Christophe, pattes de lapin, fers à cheval et autres fétiches ou porte-bonheur dans les voitures. Pour lutter contre l’attitude fataliste, il convient d’abord de montrer que ceux qui s’y réfugient cherchent avant tout à justifier leur indifférence et refusent de se mettre en cause. Il convient ensuite de démontrer clairement les véritables origines des accidents.

Le hasard est assimilé à une cause si on considère qu’un événement est soumis à la seule loi des probabilités. C’est vrai, par exemple, pour certains jeux comme les dés, la roulette ou le loto. Mais dans le cas qui nous préoccupe, il est possible de rendre l’accident moins probable en agissant sur les facteurs qui en augmentent la fréquence. Par exemple, les statistiques montrent que le risque d’accident est beaucoup plus grand lorsque le conducteur est sous l’emprise d’un état alcoolique 25 , il est alors évident qu’en s’abstenant de boire de l’alcool, l’automobiliste diminue ses « chances » d’avoir un accident. Ainsi, en évitant les circonstances qui mènent plus probablement à l’accident, il est possible de réduire fortement le champ d’application du hasard. Même s’il est utopique d’espérer pouvoir supprimer un jour tous les risques, il est du moins possible de minimiser la part du hasard.

Notes
24.

GERONDEAU (C.), La mort inutile, Éditions Plon, 1979.

25.

L’analyse des accidents mortels montre qu’une alcoolémie illégale est mentionnée dans « 40% des cas en 2001. Cette proportion s’élève à 51% lorsqu’il s’agit d’accidents mortels à un seul véhicule. Sécurité Routière., Grands thèmes de la Sécurité Routière en 2000, La Documentation Française,2002, p.118.