A. L’état des recherches actuelles sur l’A.A.C.

Le système des transports en général et la Sécurité Routière en particulier ont fait l’objet de très nombreuses recherches. Il suffit de consulter le catalogue général des publications de l’INRETS pour se rendre compte des travaux et publications existants. Plus de 400 ouvrages parus dans les « collections de l’INRETS », la revue Recherches, Transports, Sécurité (RTS), les colloques et séminaires organisés par l’institut sont autant de vecteurs privilégiés pour la diffusion de la culture scientifique et technique dans le domaine des transports.

Quelques travaux universitaires traitent de l’insécurité routière. Citons Sebastian ROCHE, Chercheur au Centre de recherche sur le politique (CERAT/CNRS). Il parle de l’insécurité en général, des incivilités et prend la circulation automobile comme exemple de lieu où elles se développent. Citons aussi Maryse ESTERLE-HEDIBEL et sa thèse de doctorat en Anthropologie Sociale et Sociologie Comparée : ‘«’ ‘ Le rite et le risque, la culture du risque dans les bandes de jeunes de milieu populaire à travers la conduite routière ’ ‘»’ , sous la direction de François RAVEAU, Université PARIS V René DESCARTES, U.F.R. de SCIENCES SOCIALES, SORBONNE – SCIENCES HUMAINES, 2-1995.

Françoise CHATENET, Chercheur à l’Institut National de Recherches sur les Transports et leur Sécurité, a publié une étude (octobre 1999) : évaluation qualitative d’un mode de formation : l’Apprentissage Anticipé de la Conduite (AAC). A notre connaissance, c’est la seule recherche consacrée à la conduite accompagnée.

Le contexte peut être résumé ainsi : l’idée est excellente, la méthode mal expliquée et l’essentiel n’est pas appliqué. L’AAC est l’accès à la conduite, les avantages perçus de l’A.A.C. couvrent essentiellement une acquisition d’expérience et une durée dans l’apprentissage, un taux de réussite supérieur à celui de la formation traditionnelle pour le permis de conduire, une dimension de responsabilisation des apprentis, une opportunité pédagogique pour les moniteurs et les apprentis et une opportunité commerciale pour les auto-écoles. La motivation principale d’option pour ce cursus d’apprentissage : la volonté de se conformer à un groupe d’appartenance est le facteur décisionnel le plus lourd. Ce sont donc les parents qui jouent un rôle essentiel dans la détermination du type de formation suivi par les jeunes. La seule différence qui apparaît est liée à l’expérience de conduite dans l’A.A.C. qui oblige à développer des compétences et des aptitudes d’anticipation et d’observation. Ceci revient à émettre l’hypothèse selon laquelle, globalement, l’A.A.C. ne se différencie de la FT que par les 3000 km parcourus qui constitueraient le moment pédagogique différenciateur. en d’autres termes, le noyau central différenciateur entre l’A.A.C. et la FT est l’accompagnement, donc, l’accompagnateur.

Par leur nature même les rendez-vous pédagogiques constituent un lieu privilégié d’échanges, de discussions et de prise de conscience des facteurs de risque par une mise en miroir des représentations sur la conduite sûre entre les jeunes apprentis, les accompagnateurs et l’enseignant. Les rendez-vous théoriques observés se répartissent entre deux pôles : une forme dialogue discussion par la prise en compte des expériences des participants et une forme transmission de connaissances. Cette apparente opposition entre risque perçu et risque objectif conduit à deux dérives : dans le premier cas à une discussion sans véritable animation, ni échange, dans le second, à un cours de code.

L’accompagnement : un univers à géométrie variable.

Trois grands styles d’accompagnement apparaissent sans être totalement exclusifs et traduisent une implication inégale entre « guider » et « assister » : un type didactique, un type prescriptif et un type passif. L’ambiguïté du statut repose sur la nécessité d’accompagner une rupture entre le normatif (ce que le jeune a appris) et le social (ce que font les autres et ce que fait l’accompagnateur). Ce nivellement peut amener au mieux à une remise en question des pratiques et un recyclage des accompagnateurs. Au pire, à une « contamination » de l’apprenti. ‘«’ ‘ Le creuset d’expérience du jeune apprenti en conduite accompagnée se fait la plupart du temps sur des trajets routiniers et contraints qui se superposent aux trajets familiaux déjà programmés au sein du foyer. Rares sont les foyers qui parviennent ou même qui cherchent à diversifier ou faire conduire dans une visée didactique et générant des déplacements supplémentaires ’ ‘»’ ‘.’

Le champ des représentations en sécurité routière.

Une analyse automatisée des discours des différents acteurs sur l’insécurité routière met en évidence une hypothèse de déconnexion sémantique qu’il peut y avoir entre l’éducation à la sécurité routière et l’expérience vécue de l’insécurité routière. La formation à la conduite n’est pas reliée à l’insécurité au quotidien. On peut s’interroger sur la part liée au modèle didactiques du sujet enseigné. Par ailleurs, cette rupture, ce manque de liaison causale entre l’éducation à la sécurité routière et la sécurité routière met en lumière une autre dimension fondée sur une absence de l’accident, un autre lieu d’épreuves qui participe de l’insécurité : ce qui fait obstacle à la progression, à l’avancement (lois, règles, les autres).

Ecart entre cahier des charges et réalités et entre AAC et FT.

Trois niveaux d’efficience de l’A.A.C. peuvent se déterminer par rapport à la FT : les conditions d’application sont requises et l’A.A.C. est plus formateur que la FT, les conditions, en particulier par la défaillance de l’accompagnement, ne sont pas réunies, dans ce cas il n’y a pas de différence entre les deux modes de formation, les conditions de pratiques de l’A.A.C. sont telles que les dérives accumulées le situent à un niveau inférieur par rapport à une FT qui, elle, serait bien réalisée ;